Inès

Il y a bien eu les voisins qui, à force d’entendre les pleurs de la petite, ont fini par se décider à venir sonner pour s’assurer que "tout allait bien". Ils ont été rassurés.

Il y a bien eu cet ami qui est venu manger un morceau, un soir, et qui a forcément senti dans l’ambiance et dans les réflexions qui ont fusé qu’il y avait un malaise.

Et il y en a sûrement eu d’autres, avant…

Mais rien n’y a fait. Tous ont dû se persuader qu’ils s’étaient fait des idées…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Inès

Inès marque une nouvelle collaboration entre Loïc Dauvillier et Jérôme D’Aviau qui ont déjà réalisé ensemble Théo, une série dont le premier tome est paru aux éditions Les Enfants Rouges. Derrière une couvertures aux couleurs comparables, c’est à nouveau une histoire de la vie de tous les jours qu’ils ont mise en scène et en images.

Avec ce titre, ils s’immiscent dans l’appartement d’une famille et dénoncent la situation dramatique qui s’y est développée jour après jour, faisant de nous les témoins de la brutalité d’un homme envers sa femme et, par extension, envers sa fille ; un sujet jusque là très peu abordé en bandes dessinées.

Inès est un huis clos, dessiné en noir et blanc avec des variations dans le trait en fonction des phases traversées. C’est un récit poignant qui réussit à nous faire nous attacher à des victimes en nous les présentant à une période très critique, quand la crise est à son paroxysme. On pourrait donc regretter de ne pas en savoir plus sur comment la relation (familiale, amoureuse…) s’est dégradée, sur les origines du problème. On pourrait aussi regretter de ne pas voir la maman trouver la force de claquer la porte et de quitter cette violence qu’elle subit au quotidien. Mais c’est aussi cela qui sonne juste, qui fait écho à toutes ces vies brisées de personnes murées dans une solitude dont elles ne peuvent plus sortir. C’est aussi cela qui fait l’impact du message, nous ramenant basiquement à ces étrangers que nous sommes par rapport à cette famille et à ses soucis… Nous ramenant au témoin lambda qui dit, une fois le pire arrivé, "qu’on se doutait bien de quelque chose mais qu’on ne pensait pas que c’était si grave"… Comme on a le recul du lecteur, il nous est facile de faire des remarques sur le comportement des voisins ou de l’invité qu’on aura rencontrés dans la BD. Il n’empêche qu’on assiste impuissants au calvaire silencieux de cette jeune mère. Et à celui de son enfant, de fait.

Des pensées de la malheureuse maman aux méchancetés vociférées par son homme, des pleurs de la petite au mutisme de leurs proches, on est paralysé par cette lecture. Tout du long. La pression s’y installe page après page, jusqu’à la fin.

Il n’y avait pas qu’une seule issue possible à la prison de cette maman, héroïne malgré elle. Les auteurs en ont choisi une.

Bouleversant.
 

Par Sylvestre, le 13 février 2009

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