Inexistences

Les siècles sont passés depuis que les grands cataclysmes ont ravagé la planète, laissant ainsi d’immenses paysages jonchés de ruines, d’anciens édifices gigantesques, traces d’une civilisation prospère, mais finalement éphémère. Les hommes errent dans ces plaines, dans ces montagnes enneigées, ils se sont rassemblés en clans pour survivre et résister.
Cependant, on murmure qu’il existerait un enfant bleu qui raconte le passé, caché dans une vieille cathédrale, au loin, dans les hauteurs. Un jeune sniper se décide un jour à aller vérifier la rumeur…

Par fredgri, le 4 décembre 2023

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Notre avis sur Inexistences

Aujourd’hui, Christophe Bec est une figure marquante de la SF et du fantastique en Bande Dessinée, pilier d’une certaine idée de la démesure, avec ses intrigues impressionnantes, d’envergure.

Cette fois, il nous propose en solo cet étrange album, mi-BD, mi-Artbook, alternant des planches, des illustrations qui se déplient, une nouvelle, des peintures… On est tout de suite impressionné par l’ampleur de ces paysages qui s’étendent sous nos yeux, la silhouette minuscule d’un homme au milieu d’une chaîne montagneuse, dans la neige, tandis que se dessinent à l’horizon les carcasses abandonnées d’anciennes constructions.

Bec insiste sur cette atmosphère de fin de civilisation, l’idée d’un monde qui se meurt lentement, désespéré, sans la moindre once d’illusion pour un quelconque avenir. Et dans ce sens, il ne propose pas de réelle intrigue, on parcourt la majorité de cet album en témoin d’une désolation qui fait froid dans le dos, comme figé dans l’espace, à l’image de ces ruines sans vie. Les hommes eux-même sont inexpressifs, posant devant la « caméra » de l’artiste, sans tenter de mettre un seul souffle de vie à ces clichés.
C’est peut-être d’ailleurs, ce qui marque aussi cette lecture, le sentiment que tout est déjà terminé, que ces personnages ne sont finalement que de vagues spectres qui se déplacent lentement, gardant la pose. Il faudra attendre l’histoire avec l’enfant bleu pour sentir un peu de rage, pour presque entendre les cris qui résonnent dans ces cavernes, qui même s’ils se résignent, comme le reste de cet univers, ces enfants sauvages n’en demeurent pas moins plus vivants que tous ces adultes, l’arme à l’épaule, cachés derrière leur fatras.

On ressort de ce troublant volume impressionné par la performance graphique de Christophe Bec. On sent les années à plancher sur ces illustrations qui nous en mettent plein les yeux. On est subjugué par la force froide qui se dégage de ces ambiances. La température baisse progressivement autour de nous, le vent siffle, on est soudain seul face au vide…

Chapeau, monsieur Bec, même s’il reste une étrange tristesse en refermant la dernière page…

Par FredGri, le 4 décembre 2023

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