INJECTION (VF)
Tome 1

Ce qu’il y a de difficile quand on doit écrire une chronique sur ce genre d’album, c’est qu’au delà d’une simple lecture ou l’on prend les choses comme elles viennent, il faut tenter de les décrypter un peu plus, histoire ensuite d’en parler avec un tantinet d’objectivité !

Et je dois bien avouer qu’avec Ellis (comme ça peut être, par exemple, le cas avec des gens comme Morrison) ça peut parfois être un peu casse-gueule ! Car il ne donne aucune piste pendant au moins les deux tiers de l’album. Il faut accepter d’avancer sans forcément tout comprendre, récolter les indices deçi delà, il faut "jouer le jeu" ! D’autant que le scénariste aime rester cryptique, il aime entretenir, même inutilement, le doute.
"Inutilement", car, autant être honnête, ça n’est pas nécessaire, il y avait moyen d’être bien plus clair dans le scénario qui est déjà assez complexe en lui même, dans ce qu’il brasse comme concept !

Mais attention, ne vous y trompez pas, c’est très intéressant, c’est juste qu’à un moment on a presque envie de lâcher le morceau, entre le côté "poseur" des personnages et le côté "petites bribes d’infos" on peut vite se lasser. En contre partie, j’aurais tendance à dire aussi que l’effort vaut largement le déplacement.
Car, en effet, progressivement, se dévoile devant nous une intrigue extrêmement riche et pleine de potentiel, avec des ramifications qui peuvent faire penser à d’autres séries d’Ellis et notamment Planetary.

Le groupe de protagonistes est très varié, ils ouvrent tous sur des domaines très particuliers, qui vont de l’ésotérisme à l’informatique en passant par la déduction et la stratégie. On devine qu’ensuite se développeront certainement des choses plus précises sur chacun de ces personnages. Et pour l’instant on ne se concentre principalement que sur Maria Kilbride et Robin Morel, avec un peu de pistes sur Brigid Roth. Ellis pose donc ses pions, ses idées, il installe le cadre et les enjeux, et tout doucement commence à rassembler les troupes. Mais cela reste assez lent et nonchalant ! On verra bien par la suite !

Graphiquement, on retrouve le compère d’Ellis sur Moon Knight, Declan Shalvey. Son style assez épuré est simplement parfait pour le scénario. Aucun effet de manche, juste de l’efficacité et une mise en page très efficace et largement suffisante ! Que demander de plus ?

Une série en devenir qui interpèle et qui demande à avoir sa chance pour pouvoir se développer tranquillement !

Par FredGri, le 5 janvier 2017