Insane

Insane est un album à la fois déroutant et dérangeant.
Déroutant par son écriture et sa trame temporelle qui saute du présent au passé sans transition, comme des fulgurances qui traversent l’esprit dérangé de Clarence.
Dérangeant car Mickaël Le Galli nous immerge dans une ambiance glauque malsaine, dans le sillage d’un tueur au parcours sanglant où le plaisir, presque la jouissance du sang qui gicle justifie les meurtres.
Clarence vient en aide à Betty, engageant même un détective privé pour retrouver son père, mais ce que la petite ignore ce sont les véritables motivations de cet homme fort courtois aux allures de dandy. Il y a des années, alors qu’il n’était qu’un enfant, Amand a assisté au meurtre sauvage de sa mère, le tueur n’était autre que John Kettelbach.
Est-ce le désir de vengeance qui pousse Amand sur les traces du tueur ou quelque chose de plus puissant, de plus profond, de plus terrible.
Loin du polar classique, c’est une immersion dans la folie, un retour sur l’élément déclencheur qui fait basculer l’esprit, peut être fragile ou prédisposé, un parcours éclaboussé de sang et de tripes jusqu’à ce que la boucle soit bouclée.
Le dessin de Xavier Besse à qui l’on doit entre autres la série en cours La mémoire d’Abraham offre au récit un réalisme fascinant, accentuant encore cette impression de malaise qui fait froid dans le dos.

Récit puissant, violent dont on ne sort pas sans ressentir une certaine répulsion, émotion rare et difficile à provoquer qui est à mettre au crédit du talent des deux auteurs.

Par Olivier, le 14 avril 2012