Intégrale

Trois pas vers la couleur correspond aux trois albums qu’Edmond Baudouin a publié dans la collection Air Libre de Dupuis : Les Yeux dans le mur (2003), Le Chant des baleines (2005) et Les Essuie-glaces (2006). Grand adepte du noir et blanc, c’est avec Les Yeux dans le mur que Baudouin s’essaie pour la première fois à la couleur directe, qu’il réutilisera pour les deux tomes suivants.

Par Placido, le 29 novembre 2013

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Notre avis sur Intégrale

Bien évidemment, quand on s’attaque à du Baudoin, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de structuré, qui retombe sur ses pieds à la fin et dont on comprend tous les tenants et aboutissants de l’histoire. D’ailleurs, chez Baudoin, il n’y jamais vraiment d’histoire. Du moins, pas dans le sens où on l’entend généralement et surtout pas de le sens où on l’attend.

Dans ces 3 tomes il s’agira principalement de questionnements existentielles, d’errance et de contemplation. Voilà, tout de suite, ça calme. Et le but du jeu est de plonger tout entier dans l’univers, de s’immerger complètement, de ne pas se laisser distraire et d’aller lentement. Ça tombe bien, la lenteur se fera nécessairement du fait de la beauté de chaque planche et de chaque case, à couper le souffle. Cette lenteur de lecture et cette immersion sont importantes car elles permettent de percevoir pleinement la poésie de l’œuvre. Car Baudouin, non content d’avoir un coup de pinceau d’une beauté peu égalée, propose des écrits d’une qualité rare. Peu bavards mais percutants (c’est flagrant dans Les Yeux dans le mur), les dialogues sont rythmés tel des vers, ils tremblent d’émotions et résonnent de vérité. C’est très poétique. Une poésie fine.

En allant trop vite, on ne profitera ni des dessins, ni de la richesse des textes et alors il n’y aura plus le moindre intérêt. On est d’accord, il s’agit là d’une lecture exigeante, qui réclame de la patience et de la réflexion, mais on ne peut pas non plus tout apprécier à la manière d’un numéro de Fluide Glacial.

Les héros de Baudoin ne sont pas facile, ils ne savent que peindre et regarder la mer, la regarder longtemps. Ou marcher, marcher longtemps et méditer sans arrêt. Ils savent aimer aussi. Beaucoup. On trempe toujours plus ou moins dans le témoignage, c’est évidemment autobiographique, sans jamais vraiment pouvoir délimiter le "vrai" du "moins vrai", mais qu’importe. La précision n’est pas ce que l’on recherche, on recherche l’émotion. Les divagations sentimentales de l’auteur/personnage prennent alors une ampleur toute particulière. Sans nombrilisme agaçant toutefois, Baudoin est plutôt du genre à faire dans l’universel. Intégrer et analyser tous les éléments de sa propre vie pour recracher une peinture qui parle à tout le monde, à la hauteur de toucher tout le monde.

Épatant.

Par Placido, le 29 novembre 2013

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