INTERLUDE

Un piano venait juste de leur être parachuté dans les Ardennes où ils tenaient une position quand les Allemands lancèrent sur eux une offensive… Le lieutenant à la tête de la brigade ordonna alors à ses gars de tout laisser sur place et de dégager les lieux fissa mais le sergent Brown ne l’entendit pas de cette oreille. Cette guerre était un vrai merdier et ce piano tombé du ciel était une véritable bénédiction pour se changer les idées et garder le moral ! Le laisser aux ennemis lui paraissait inconcevable et son obstination fit céder son supérieur qui leur laissa, à lui et à deux autres soldats, quarante-huit heures pour apporter le piano au point de rendez-vous fixé sous peine d’être considérés comme déserteurs.

Par sylvestre, le 16 septembre 2024

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Notre avis sur INTERLUDE

Dans le cadre de l’effort de guerre et afin de réserver certains métaux pour la fabrication des armes et des munitions, les Américains n’ont quasiment plus produit d’instruments de musique pendant la seconde guerre mondiale. La marque Steinway fut de celles qui subirent ces restrictions jusqu’à ce qu’en 1941 commande spéciale lui soit passée par le gouvernement pour construire des pianos afin que ceux-ci soient ensuite acheminés sur le front et que les troupes à qui ils étaient destinés puissent se divertir un minimum.
Dans cette bande dessinée Interlude signée Céline Pieters (scénario) et Celia Ducaju (Dessin), l’arrivée et la conservation d’un des 2436 pianos qui furent ainsi parachutés en Europe nous sont contées. On suit en effet sur près de 90 planches en couleur une brigade de jeunes soldats américains ayant reçu l’un de ces instruments et on est rendus témoins des efforts qu’ils fournissent pour que leur piano les suive ensuite coûte que coûte dans leur progression.
Le scénario de cette bande dessinée est malheureusement sans grande surprise. C’est dommage. Voire sans grand intérêt… On a ici simplement brodé une histoire autour d’une anecdote de guerre. Le rythme de l’histoire est d’entrée lent et quand on atteint la 30ème page on commence, impatient, à se demander quand l’action va enfin commencer ! On suit les soldats et le piano au gré de leurs mouvements de troupe avec les notions de danger, d’effort, de doute et d’espoir que cela implique mais aux intermèdes « documentaires » les autrices ont manifestement préféré ceux, « musicaux », où les soldats jouent des airs qui leur rappellent leur home sweet home ; pour apporter un peu de légèreté et pour créer des ambiances aux couleurs plus chaudes que celles de l’hiver 1944 ardennais. C’est un parti-pris, certes. Mais si la nécessité de divertir les troupes va de soi, un traitement plus poussé des coulisses de cette histoire aurait été le bienvenu.
Or, cet apport culturel, s’il plane tout au long du déroulé de l’histoire, est surtout introduit dans cet ouvrage après la bande dessinée : dans un cahier supplémentaire qui, en plus des seules pages 60 et 61, vient enfin expliquer plus concrètement certaines choses importantes dans le détail. Un mix des deux (infos solides et scènes de terrain romancées) aurait probablement donné plus de force à cette BD dont on ressortira donc peut-être déçu.

Par Sylvestre, le 16 septembre 2024

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