Islander
L'éxil
L’Europe est devenue une zone dangereuse, victime de nombreuses catastrophes qui poussent les uns et les autres à tenter de fuir le continent vers des terres qu’ils espèrent plus accueillantes. Cependant, l’Angleterre a fermé ses portes, l’Écosse trie sur le volet les migrants qui veulent accoster ses côtes, tandis qu’au Havre les camps frontaliers ne cessent de se remplir. Parmi tous ceux qui attendent l’arrivée d’un bateau, le professeur Zizek est porteur d’un message d’espoir lié au mystérieux projet Islander. Il doit absolument se rendre en Islande. Il est accompagné des deux sœurs Livia et Francesca. Cette dernière se fait néanmoins voler son pass par un dénommé Liam qui profite ainsi de l’occasion pour embarquer lui aussi en direction de la lointaine île…
Par fredgri, le 16 janvier 2025
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782344043042
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Notre avis sur Islander #1 – L’éxil
Après le très remarqué Sangoma, le duo Caryl Farey/Corentin Rouge est de retour pour un triptyque qui s’annonce mouvementé. Direction l’Islande, dans une atmosphère extrêmement tendue, le pays est divisé entre deux communautés qui s’affrontent au sujet de la situation mondiale et de la gestion des migrants qui commencent à affluer, plus ou moins légalement, sur le territoire. Pendant ce temps, aux portes de l’Europe, les populations se pressent contre les grilles qui entourent les camps de réfugiés.
On retrouve l’écriture sèche et sans concession de Caryl Farey qui, certes, nous propose un récit qui résonne avec l’actualité plus ou moins récente, mais il n’en oublie pas pour autant de la nourrir avec une intrigue très dense, un thriller efficace extrêmement bien rythmé. Ainsi, on est pris aux tripes, tout en réfléchissant en même temps au cadre sociopolitique qui tient l’histoire, aux enjeux, aux tensions diverses et aux retournements de situation qui sont particulièrement bien dosés.
La question de l’émigration est au centre de ce premier volume, elle permet de mettre en scène les premiers réflexes de préservation qui amènent les uns à vouloir se débarrasser de ce problème en fermant tout simplement leurs frontières, tandis que les autres tentent de préserver un dialogue, une attention pour toutes ces personnes poussées dans leurs derniers retranchements. Férey équilibre très bien ses éléments en défendant la possibilité d’un dialogue, tout en pointant du doigt ces politiques sécuritaires qui tendent vers le pouvoir policier. C’est intelligemment mené, avec ce qu’il faut de remise en question, tout en assurant un scénario captivant, dans les traces d’un anti-héros qui va être progressivement amené à prendre position et à aider pour de bon ceux qui ont besoin de lui…
Graphiquement, aucune surprise, Corentin Rouge nous livre des planches magnifiques où se mêlent des paysages enneigés, des mers déchaînées, dans un pays extrême, à l’autre bout du monde. On a un frisson en suivant ces personnages dans la neige ou en plongeant dans ces communautés de prisonniers. Le trait est expressif, les cadrages sont justes et inspirés, les couleurs résonnent parfaitement avec les ambiances du dessin.
Un album tout simplement parfait !
Vivement la suite.
Par FredGri, le 16 janvier 2025