Je suis le gardien de mon frere

Deux enfants, deux frères qui grandissent au sein d’une famille où le père alcoolique et hyper-violent est rongé par un démon intérieur, un monstre qui le pousse à rouer de coups son plus jeune fils et son épouse.
Si Ivan est la victime de son père, son frère Niko semble protégé des rossées et cette différence brutale de traitement n’est pas sans conséquence sur les relations qu’entretiennent les deux garçons jusqu’au jour où …

Par olivier, le 30 janvier 2012

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Notre avis sur Je suis le gardien de mon frere

Suis je le gardien de mon frère? répondit cyniquement Caïn à Dieu alors qu’il vient de tuer Abel. Cette phrase reprise en titre dans une version affirmative prend tout son sens lors de la lecture de cette histoire familiale. Le vécu des deux frères et surtout l’implication dramatique d’Ivan va pousser Niko à veiller sur lui, à toujours être présent, moralement et physiquement pour soutenir ce frère détruit par un acte irréparable.
Sentiment de devoir, de culpabilité aussi peut-être, Niko, alors qu’il poursuit de brillantes études ne va jamais le perdre de vue, tachant de l’empêcher de sombrer totalement.
La rencontre d’une tante paralysée dont ils ignoraient jusqu’à l’heure l’existence va être pour eux une révélation. En même temps qu’elle leur ouvre le placard aux squelettes de la famille, elle leur propose une catharsis, celle de l’écriture. Ce sont de terribles révélations qu’elle leur fait et, au fur et à mesure que l’on avance dans le récit subtilement construit par Makyo, le sentiment d’un gâchis monumental devient de plus en plus criant.
Cette obscure partie de vie cachée, que les parents ont tenté d’enfouir au plus profond de la mémoire mais qui affleure malgré tout, rongeant le cœur et empoisonnant l’esprit, va inexorablement détruire une famille.
C’est le récit puissant d’un drame familial aussi violent que plausible. Drame de la jalousie qui détruit les âmes et pousse les protagonistes au paroxysme de leurs sentiments jusqu’à l’irréparable, une banalité qui déchaine une tempête de passions. L’engrenage infernal est ici parfaitement restitué et Pierre Makyo en décortique le mécanisme, plan par plan, séquence après séquence sans jamais lâcher le lecteur.

La narration sonne juste et si Niko, le narrateur, totalement impliqué dans l’histoire n’est peut être pas entièrement objectif, le regard qu’il apporte a l’accent de la sincérité, et l’empathie emporte le lecteur en une succession de charges émotionnelles.
Si le récit de ces drames est violent, bouleversant, le traitement qu’en fait Pierre Makyo (Ballade au bout du monde, Le jeu de pourpre, le maitre de peinture …) est d’une délicatesse touchante.

Les planches et les cases sont toutes emplies de ces personnages et de leurs sentiments, les décors minimalistes concentrent l’attention sur les mots et sur les acteurs dont Liu Wei rend visible la part d’ombre.
Un album qui soulève beaucoup de questions sur le libre arbitre et place le lecteur face à une réalité sordide, étouffante où la frontière entre justice et morale est très floue.

Par Olivier, le 30 janvier 2012

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