JEFF MISTRAL (UNE AVENTURE DE)
Mort imminente

En 1955, Aristide Klein fait sa tournée de clients sur les routes alsaciennes. Lors de ce déplacement, le représentant de commerce est victime d’un accident de voiture. Durant l’intervention des secours, il a la surprise de se voir quitter son corps et d’assister à sa réanimation. Sept ans plus tard, par ailleurs, le célèbre détective Jeff Mistral a été sollicité par le responsable du Musée des Arts décoratifs de Paris à la suite de la disparition énigmatique du gros diamant surnommé Lucie. En effet, le coffre dans lequel il était enfermé n’a pas été forcé, seules les serrures de la pièce sécurisée où il se trouvait ont été fracturées. D’après les informations du responsable du musée et les premières constatations, le vol du joyau reste inconcevable mais rend suspect les deux seuls administrateurs du site. Il ne fait aucun doute que, pour Jeff Mistral, cette enquête s’annonce particulièrement corsée et qu’il se doit d’explorer toutes les pistes. Autant dire qu’elles vont être nombreuses et qu’elles vont générer des rencontres déconcertantes et de sacrées surprises.

Par phibes, le 14 janvier 2025

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Notre avis sur JEFF MISTRAL (UNE AVENTURE DE) #1 – Mort imminente

Plutôt versé dans l’humour (Voogle, Sexymol…), Olivier Andrieu fait une petite foucade à ses habitudes pour se lancer dans des péripéties policières via son nouveau personnage, Jeff Mistral. Pour l’occasion et compte tenu du contexte qui entoure ce héros, le scénariste s’est associé à Alain Julié, illustrateur des Vélo Maniacs et tout dernièrement des aventures du taximan Urbain Pujol.

Cet album nous immerge clairement dans les ambiances des années 50/60 et a le privilège, dès le départ, de titiller notre entendement via l’accident d’un personnage tiers et de sa décorporation. Soulevant à prime abord quelques effluves fantastiques, le récit fait sans transition une bascule temporelle de quelques années pour nous permettre de découvrir une affaire en devenir et également le fameux détective qui va devoir l’élucider.

Si le concept se veut des plus classiques, il n’en demeure pas moins que cette équipée policière, menée par une sorte de Kojak, particulièrement « questionneux », aimant la mauresque et la cigarette, reste bien divertissante. En effet, elle met en exergue un enquêteur dont l’efficacité n’est pas à démontrer, qui doit faire la part du vrai et du faux, qui n’hésite pas à aller au contact de ses interlocuteurs (même mystérieux) et qui sait jouer des poings quand il le faut. L’énigme a l’avantage d’être bien conçue, avec des personnages ambigus, dont certains peuvent se révéler sympathiques malgré leurs malversations, d’autres détestables comme les bandits de base bien idiots ou des chefs mafieux bien manipulateurs. L’on peut concéder aussi qu’Olivier Andrieu soigne son histoire (voir le cahier en in d’album) grâce à une excellente mise en scène dans le Paris des années 50, démontrant au passage une réelle recherche documentaire (l’usine Renault de l’île Seguin) pour consolider sa fiction.

Au niveau de la mise en images, Alain Julié ne cache certainement pas son attrait pour les univers d’époque à la Maurice Tillieux. Sous le couvert d’une agréable colorisation signée Claire Dumas, l’artiste renouvelle ce trait ligne claire qui le caractérise et qui lui permet de croquer Paname et ses résidents dans des circonvolutions bien sympathiques. Il ne fait aucun doute qu’il est au diapason de la volonté de son scénariste, eu égard au travail qu’il produit sur la partie historique de la Capitale et également sur son environnement d’antan (véhicules multiples, aspect vestimentaire). Les personnages, quant à eux, demeurent de bonne composition, en perpétuelle animation et bénéficiant d’une expressivité suffisante pour être convaincant dans leurs actions.

Une aventure policière des années 50 qui a tout son charme et qui emportera l’adhésion de tous les nostalgiques de Gil Jourdan et autres. En attendant la prochaine, nous souhaitons bon vent à Jeff Mistral !

Par Phibes, le 16 décembre 2024

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