Journal d'un naufragé - 100 jours sur une île déserte

Ce Journal d’un naufragé – 100 jours sur une île déserte est un bien étrange album, au premier abord.
A la base, il s’agit d’un naufragé qui échoue sur une île, qui y découvre d’étranges créatures et qui se rend compte que ça va même bien plus loin que ça. Mais c’est surtout le système narratif qu’adopte Gozz qui interpelle. Tout est vue par le biais de tranches de décors en perspective isométrique, ce qui lui permet de développer un récit, tout en nous révélant des détails souterrains que le héros ne voit pas, comme des galeries ou se cachent des monstres, ou les vestiges d’une ancienne civilisation.

On progresse au fil des pages en regardant partout, pour saisir la vie qui s’y déploie, s’interroger sur tel petit élément du décor, telle bestiole énigmatique… Et c’est tout l’intérêt de cette lecture, cette complicité entre l’auteur et le lecteur, une histoire principale, entrecroisée avec mille et un récits qui vont du monstre Cthulhuien aux extra-terrestres, en passant par des serpents géants, du survivalisme ou d’anciens peuples autochtones.
Gozz nous entraîne ainsi dans une réflexion profonde sur les codes de lecture traditionnels. En réinventant purement et simplement une dynamique narrative qui, si elle surprend au départ, finit par vite être enthousiasmante. Les pages sont belles et impressionnantes, on s’arrête régulièrement pour simplement les admirer. Et même si Gozz rajoute en bonus des explications ou il revient sur le passé, on se laisse aller à les imaginer par nous-mêmes.

Certes c’est de l’expérimental pur, mais l’auteur reste dans une démarche très grand public, tout en étant inventif et extrêmement accessible.

Un album vivement conseillé.

Par FredGri, le 13 octobre 2024