Journal pré-posthume

 
Siné n’a pas encore dit son dernier mot ! Et d’avoir été cloué à un lit d’hôpital pour cause de leucémie foudroyante lui même offert le temps, entre les périodes où il était dans le coaltar, d’en aligner tant et plus, des mots ! On les découvre dans ce Journal pré-posthume dans lequel l’artiste témoigne de son séjour à l’hôpital – sacrée épreuve -, se raconte, nous fait part de ses réflexions sur des tas de choses et n’oublie pas de cracher son venin sur ceux contre qui il a une dentition entière…
 

Par sylvestre, le 11 octobre 2013

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Notre avis sur Journal pré-posthume

 
Juste avant la courte préface de Jean-Marie Laclavetine, une photo de Siné intubé de partout sur son lit d’hôpital donne le ton. L’homme est face à son ordinateur, mais les appareils, les poches et autres tubes qu’on voit derrière lui ne trompent pas sur le fait qu’il doit être dans un état de santé préoccupant. Leucémie foudroyante, d’ailleurs ! Qui dit mieux ? Qu’à cela ne tienne : sa tête fonctionnant encore bien, le vioque est bien décidé à exister encore et encore et ces écrits en sont la preuve. Comment se comporter face à un mal mortel qu’on porte en soi ? Certains lâcheraient tout pour brûler ce qu’il leur reste à vivre, d’autres s’avoueraient vaincus et la fatalité finirait le boulot… Siné, lui, a choisi de montrer que la mort ne lui fait pas peur et qu’il préfère en rire, lui qui a raillé toute sa vie durant !

Dans ce journal de bord tenu avec dates et titres de chapitres, Siné nous raconte au jour le jour la terrible expérience qu’il vit… mais pas seulement ! Car nous avoir à son chevet le pousse à aller au-delà des tracas qu’il a : ça l’oblige à ne pas se cantonner au pénible et à partir dans des diatribes qui vont bien avec le personnage. Faudrait pas oublier d’s’marrer, quand même, hein ?! Alors ça y va !!! A coups de courts chapitres, avec rythme et force mots que les yeux chastes préféreront ne pas déchiffrer, il raconte sa life, règle des comptes, étale sa science, évoques moult souvenirs ou encore nous dévoile des pans insoupçonnés de sa biographie comme par exemple ses "aventures" algériennes.

Tout ça, Siné ne l’écrit pas avec la plume de celui qui se sait condamné, même si sa manifeste volonté de prendre tout ça à la légère masque mal les profonds malaises qui doivent l’habiter. Il écrit avec espoir, et les jeux de mots "leucémie-ceci, leucémie-cela" qu’il met en images et qu’il nous présente goutte à goutte (hum) comme un projet d’auteur à concrétiser sont un exemple pour souligner qu’il croit en l’après-hôpital, en son retour chez lui et en la reprise d’une vie (presque) normale… Ça fait un ouvrage qu’on lit partagé entre pitié et irritation : n’aurait-on pas aimé que l’épée de Damoclès pendue au-dessus de sa tête ait fait mettre à Siné de l’eau dans son vin et l’ait rendu plus zen, notamment en ce qui concerne ses pires ennemis ? Peut-être, mais ça aurait sans doute été trop cliché, trop catho, trop bisounours, donc on n’est finalement pas étonné qu’il n’ait pas cédé et qu’il ait continué de jouer ce rôle qu’il s’est donné.

On lira et refermera ce livre avec des impressions diverses. On ne pourra par contre que dire "chapeau" à Siné, fidèle à lui-même jusque dans les moments les moins faciles.
 

Par Sylvestre, le 11 octobre 2013

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