JUGE (LE)
Chronique d'une mort annoncée

Lyon, le 19 décembre 1974. Il est 7 heures du matin lorsque Nic -alias "Nick le Grec"- reçoit un coup de fil dans son bar. Il apprend qu’il doit vite filer et quitter le pays. Dans la journée, des arrestations ont lieu un peu partout en ville. La plupart des membres du Gang des Lyonnais se font pincer. Alors qu’il passe quelques jours de repos à Londres en compagnie de son amie Mylène, un policier de Scotland Yard vient trouver le juge Renaud et lui dit qu’il doit rentrer à Lyon pour la fin des gardes à vues…

Par berthold, le 16 mars 2017

Notre avis sur JUGE (LE) #3 – Chronique d’une mort annoncée

Le Juge : la République Assassinée est une très bonne série. Un chef d’oeuvre, oserais-je.

Olivier Berlion réussit l’exploit de faire toujours mieux après chaque tome. Il fait monter la pression jusqu’à ce funeste jour du 03 juillet 1975. Et là, je dois bien vous avouer que l’auteur a réussi son coup. Il m’a mis en colère. Pas parce que l’histoire au mauvaise, au contraire ! Non, ce qui m’a mis en colère, c’est d’apprendre que l’assassinat du juge Francis Renaud n’a jamais été élucidé. Les véritables coupables n’ont jamais été arretés. De plus, derrière tout ça, il y a des magouilles politiques. Encore et toujours. Berlion dénonce aussi les oeuvres du SAC : Service d’actions civiques, qui a été de 1960 à 1981, une association au service du Général de Gaulle, une "association" ayant pour but de défendre et de faire connaître la pensée et l’action du général de Gaulle. Mais qui s’est fourvoyée dans de sordides histoires, n’hésitant pas à aller jusqu’au meurtre et qui sera dissoute en 1982, par François Mitterand, après la tuerie d’Auriol.

J’apprend aussi que le juge Francis Renaud  n’a jamais été cité à l’Ordre de la Nation et n’est même mentionné dans cette liste des juges morts dans l’exercice de leur fonction. Ce qui est tout de même inadmissible.
Heureusement, il y a cet album écrit et illustré par Olivier Berlion, dans laquelle il offre l’un des plus beaux hommages à Francis Renaud, pour que le public, les lecteurs ne l’oublient pas.
C’est une oeuvre forte que nous a offerte Berlion. Même s’il a pris quelques libertés, nous sentons que c’est du beau travail, que c’est documenté et qu’il a réussi à en faire une histoire passionnante. Il nous décrit avec minutie et sans que cela soit barbant et ennuyeux, tout ce qui se passe en coulisses et tout ce qui s’en suit. Il reprend aussi le texte lu le jour de ses funérailles.
Berlion n’en rajoute pas dans l’émotion, il choisit le ton juste, il nous montre quel père était le juge ou encore sa relation avec Mylène, son amie qui se trouvait à ses côtés lorsqu’il fut abattu. Il met en avant cette atmosphère très année 1970. On a vraiment l’impression de se retrouver dans ces grands films policiers sortis à cette période.

Outre un scénario costaud, Berlion utilise le bon style graphique. Il met bien en avant la ville de Lyon et ses quartiers, autres personnages principaux de ce titre. Il fait sortir les émotions, en mettant en scène quelques moments forts. Au moment de l’attaque sur le juge, nous avons l’impression d’être des voyeurs, des temoins de la scène et nous sommes tentés d’intervenir. Malheureusement, nous ne pouvons rien faire de plus…

Il faut lire cette série en trois tomes, la partager ! Pour ne pas oublier le combat de ce juge et pour qu’un jour, la vérité éclate et que justice lui soit rendue.

Lisez et relisez Le Juge : La République Assassinée. Le sujet de cette oeuvre est toujours d’actualité. Olivier Berlion a réalisé un nouveau chef d’oeuvre. Il a ouvert une nouvelle brêche dans le genre. Une oeuvre qui mérite amplement une très belle place dans vos bibliothèques.

 

Par BERTHOLD, le 16 mars 2017

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