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Jules Matrat
Livre 2

Voilà près de quatre ans que Jules Matrat et Louis Agnin combattent ensemble dans les tranchées. Ils ont noué une amitié indéfectible. Mais, en 1918, Louis tombe sous les balles allemandes. Son compagnon de guerre est inconsolable. 

Démobilisé, Jules rentre chez lui, en Haute-Loire, où il retrouve ses parents et sa fiancée, Rose. Cette dernière comprend qu’il n’est plus le même homme. Brisé par les horreurs de la guerre et la perte de son ami, Jules se remet au travail pour essayer d’oublier. Mais, malgré tous les efforts de Rose, il se replie de plus en plus sur lui-même…

Par legoffe, le 9 février 2025

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Notre avis sur Jules Matrat #2 – Livre 2

Cette bande dessinée est l’adaptation du roman de Charles Exbrayat, paru en 1942. Le célèbre auteur voulait, à travers ce récit, dévoiler les conséquences des horreurs de la guerre sur les hommes qui l’ont vécue, mais aussi sur leurs proches. Un livre poignant, qui raconte ce gouffre silencieux qui s’installe entre ceux qui ont combattu et les autres.

L’homme par qui vont naître ces sentiments complexes s’appelle Jules Matrat. Nous le suivons dès son premier jour de retour des tranchées, au sein de son village natal où les choses ont changé un peu, mais pas tant que cela. Pour lui, le contraste est saisissant. Ce monde est loin de ce qu’il a connu durant quatre ans. Et les gens qui n’ont pas pris part au conflit posent des questions. Sont-elles les bonnes ? Et qu’en attendent-ils réellement ? 

Nous observons ainsi un ancien poilu confronté à ce choc, qui ne sait pas comment s’exprimer, qui aimerait être compris tout en ayant envie d’oublier les horreurs qu’il a endurées de 1914 à 1918. Un droit à l’oubli qu’il aimerait s’octroyer, tout comme Rose, qui l’invite à tourner la page pour retourner à la vie. Mais des barrières invisibles vont s’ériger, insidieusement. 

Ce mécanisme psychologique, ces contradictions - qui animent autant le soldat que ses proches - sont parfaitement racontés par Exbrayat et par Serge Fino, qui s’est ré-approprié le roman en livrant l’essentiel. Jamais on a le sentiment d’avoir manqué quelque chose au fil de la lecture, alors que c’est souvent le cas dans les adaptations en BD. 

Serge Fino dépeint l’humain dans toute sa fragilité. Ce naturel, cette vérité sans fard, se ressentent jusque dans l’approche artistique de l’auteur, qui a choisi un dessin très réaliste, accompagné de couleurs directes. On pourrait parler d’un travail « à l’ancienne », que Glénat a veillé à respecter en utilisant un papier mat, finement texturé. A littérature classique, auteur et éditeur ont ainsi voulu apporter un grand classicisme, au sens noble du terme.

Une belle manière de rendre hommage à tous ceux qui ont été victimes de la guerre, directement ou indirectement, à travers le quotidien de paysans simples, au coeur de la campagne française.

Par Legoffe, le 09 février 2025

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