Jusqu'ici tout va bien

1968, New York, Douglas Swietek est un jeune garçon qui aime sa ville et le base-ball. Ce jour où Joe Pepitone lui offre sa casquette dedicacée est un jour que Doug n’oubliera pas. Sauf que son frère lui vole celle-ci pour la revendre, sans que son père ne le soutienne. De toute façon, ils vont quitter la ville, ce dernier ayant trouvé un autre travail dans une petite ville nommée Marysville.
Il n’y a pas assez d’argent qui rentre. C’est sur les marches de la bibliothèque que Doug rencontre Lily, et c’est grâce à elle qu’il a une révélation. Dans la foulée, il travaille un peu à l’épicerie, tenue par le père de Lily, pour y faire des livraisons.
A la maison, tout n’est toujours pas facile. Son père s’absente, Christopher, son frère, est accusé de vol, et le retour de Lucas, le grand frère blessé au Vietnam, n’améliore pas l’atmosphère…

 

 

Par berthold, le 5 février 2024

2 avis sur Jusqu’ici tout va bien

Jusqu’ici tout va bien est l’adaptation du roman de Gary D.Schmidt, publié à L’École des Loisirs.
Je ne connaissais pas le roman, ni Nicolas Pitz.

New York, 1968, du base-ball, un quartier comme on en voit souvent dans les films de Scorsese, une famille, un père violent, un grand frère méchant avec le petit dernier, et un départ vers une nouvelle ville du nom de Marysville. Je suis conquis, pris par l’intrigue, j’ai lu cet album qui se révèle très surprenant avec beaucoup d’intérêt, le titre convenant à la perfection.

On est ému par le destin de Douglas. Et pourtant, cette lecture nous fait du bien, un bon feel good book. Même quand ça va mal, il y a quelque chose qui fait que cela s’arrange à un moment.
Et s’il n’a pas d’ami dans cette nouvelle vie, un père violent, Doug rencontre tout de même Lily qui lui fait découvrir la bibliothèque où le garçon a une révélation en regardant les illustrations d’Aubujon. A l’école, même quand ça va mal, Il arrive par sa façon de parler, son charisme, à remonter une situation.

Ce livre aborde beaucoup de sujet, comme la guerre du Vietnam qui a traumatisé l’Amérique, avec le retour du frère ainé, blessé gravement là-bas. Nous voyons l’accueil reçu par ce vétéran qui y a laissé une jambe et qui ne peut voir pour le moment. Il y a aussi l’affaire des vols dont est accusé Christopher qui se dit innocent. Je ne peux pas tout raconter ici, il y a de nombreuses choses – bonnes- qui ressortent de ces pages.

Le dessin de Nicolas Pitz surprend aussi. Les planches sont surtout en noir et blanc, voire, parfois, pour les scènes du nuit, en blanc sur noir. Puis d’un coup, il y a de la couleur, comme avec les illustrations d’Aubujon ou encore vers la fin, ce passage à Woodstock. C’est bien rythmé, bien cadré, c’est vraiment efficace et original comme style.

N’hésitez pas un instant, lisez cet album qui vous fera du bien.

Par BERTHOLD, le 5 février 2024

Ce sont parfois les personnes les plus proches qui nous font le plus de mal. Doug, le héros de Jusqu’ici tout va bien, le sait parfaitement. Il a à peine reçu la casquette du joueur de baseball qu’il adore que son frère lui subtilise le soir venu pour l’échanger contre des cigarettes. Au repas suivant, son père, plutôt que de le plaindre, lui assène une lourde gifle.

Cette scène, coutumière de la vie chez les Swietek, nous plonge dans le patriarcat de l’Amérique des 1960s dans une famille qu’aurait pu filmer Martin Scorcese – d’autant plus que Nicolas Pitz choisit de donner des airs de ritals au père et au frère de Douglas. Alors que résonne « Mr. Sandman » des Chordettes dans l’autoradio familial, la famille Swietek quitte New-York pour emménager dans une minuscule bourgade où le père a trouvé du travail.

Des vols perturbent bientôt la petite cité et les habitants suspectent les nouveaux venus. La police se met à les surveiller. Cette suspicion a des répercussions sur la vie de Doug au lycée. Des bagarres éclatent et il y est toujours mêlé. Puis, le grand frère parti au Vietnam revient, handicapé, traumatisé, anéanti par son expérience de guerre et le père, autrefois si admiratif de son fils, se met à fuir sa propre famille.

Douglas, de son côté, a heureusement croisé la route de Lilly. Grâce à elle, il est embauché par l’épicier pour des livraisons tous les samedis et s’est fait une place dans cette petite ville qu’il a commencé par détester. Puis, toujours grâce à elle, il pousse la porte d’une bibliothèque et tombe en arrêt sur un dessin de Jean-Jacques Audubon, un illustrateur naturaliste français du XIXème siècle encore célèbre de nos jours aux États-Unis. Lui, qui pensait le dessin « pour les crétins et les filles », franchit le Rubicon et se découvre un certain talent.

On comprend pourquoi le dessinateur belge a choisi d’adapter le roman de Gary D. Schmidt. Bien qu’il s’agisse une existence américaine, son dessin réaliste, majoritairement en noir et blanc, mis à part quelques planches et les reproductions d’Audubon, emprunte beaucoup au manga dans la manière d’être centré sur l’expression des personnages et de montrer peu de décors. Et, au-delà de l’histoire de famille, Jusqu’ici tout va bien raconte avant tout un itinéraire, où les rencontres et l’art donnent du sens à une existence sinon promise au chaos.

Par Geoffrey, le 19 juin 2024

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