KABOOM
Magazine de Bande Dessinée

La news circule depuis quelques temps, Chronic’Art lance son magazine de BD avec Chris Ware en couverture !
Pourquoi pas, ça sera peut-être l’occasion d’ouvrir une vraie fenêtre critique et moins axée sur de la prépublication consensuelle !

On se rend compte assez rapidement que le ton va être nettement plus "intellectuel" que la concurrence. Quand je dis ça, je ne signifie pas pour autant que c’est du cheveux coupé en quatre, que c’est systématiquement les grands mots, c’est juste que oui on sort de l’interview à base de "Quels sont vos prochains projets ?" ou "Dans la page 22 j’ai cru apercevoir Pluto, c’est une référence voulue ?" pour tenter d’aborder des thématiques ou même le processus de création. Les rédacteurs veulent en substance interroger les intervenants sur le medium, sur cette mutation qui s’opère, tout en mettent l’artiste face à son histoire, sa culture !

Bon, c’est parfois un chouilla pompeux dans les angles, mais cela reste toujours très abordable et captivant, d’autant qu’il y a une réelle volonté de vraiment rencontrer les auteurs, de les comprendre et si certains parmi eux désamorcent même assez rapidement quelques petites poussées intellectualisantes (lire Otomo qui repousse une vision politique et sociale d’Akira pour expliquer qu’il voulait mettre en avant une narration énergique c’est intéressant, cela permet de ranger parfois ces discours un peu trop cérébraux) l’ensemble demeure assez pointu (bon, ça n’est pas les Cahiers non plus !).

En tout cas, ce nouveau magazine réussit son entrée, avec un regard bien plus tourné vers les auteurs, quitte à se couper un peu d’un plus grand public (quoique Uderzo devrait leur permettre de brasser plus large !). Les différentes parties sont vraiment pertinentes (on commence d’ailleurs par un croisement d’interviews entre un maquettiste (Philippe Ghielmetti, Graphiste sur notamment les intégrales Dupuis !) et deux éditeurs (Thomas Gabison (Acte Sud) et Jean-Louis Gauthey (Cornélius)) qui démontre que les nouveaux enjeux numériques du livres ne remettent pas réellement en cause le papier) et donnent envie d’aller davantage vers une production très riche d’auteurs !

Je ne sais pas si la couverture de Ware un brin dépressive saura donner le ton de l’intérieur, néanmoins, je vous encourage à vous procurer ce très bon magazine tout fraîchement arrivé !

Par FredGri, le 24 janvier 2013