Kafka

On ne peut pas entrer dans une librairie, voir ce Kafka de Crumb et l’ignorer ! Il est superbe, épais, et l’illustration de couverture que Crumb a réalisé donne tout de suite au livre une dimension humaine, intime et tendre nous invitant à le regarder, le toucher et l’ouvrir. Naturellement, le livre n’est pas que beau. Il est dense, parfaitement lisible et très instructif.
Ce petit chef d’œuvre, rien de moins, ne se laisse pas lire aussi facilement pour autant et l’exercice du lecteur sera de s’intéresser autant à Kafka qu’à Crumb tout au long du récit en se forçant à les détacher l’un de l’autre, tant leurs expressions se confondent dans cet ouvrage. La présence du dramaturge et écrivain Mairowitz en tant que chef d’orchestre est tout simplement évidente.

Autre atout, cette œuvre a la faculté de savoir intéresser les amateurs de bande dessinée et les lecteurs de littérature classique comblant en totalité les désirs de tous. Ainsi, l’après lecture de ce livre laisse pensif, rempli et curieux. Et ce  Kafka  de Crumb donne envie d’aller plus loin, de reprendre les œuvres citées, de les étudier et d’en parler avec son entourage.

La richesse d’une œuvre, quand elle est mise en avant par un auteur dont la sensibilité a permit une grande compréhension, devient tout simplement accessible à tous. Sans doute est-ce l’effet le plus remarquable !

Avec son art pictural extrêmement précis,d’apparence torturé mais d’une grande force, Crumb porte littéralement le texte de Mairowitz, l’aidant à extraire l’essentiel, traduisant les émotions , les angoisses et le génie de Kafka.
Les deux auteurs nous permettent de faire connaissance avec celui qui terrifia toute sa vie Kafka : son père, Herman Kafka qui l’empêcha par sa présence d’exister en dehors de lui, mais aussi avec les femmes de sa vie et par conséquent avec ses grandes angoisses relatives au sexe. 

Sans être une œuvre exhaustive, le Kafka édité par Actes Sud Bd est une approche de l’homme et de son œuvre, passionnante, s’adressant à tous et n’exigeant pas forcément qu’on le connaisse au préalable pour le lire. Indispensable !

Par MARIE, le 4 février 2007