KLEOS

En 499 avant J.C., alors que les Grecs vivent en petits clans, le jeune Philoklès mène une existence maussade bercée par les récits héroïques de L’Iliade et de de L’Odyssée écrits par Homère. Le jour où des pirates investissent son village Amorgos et raflent toutes leurs richesses, celui-ci reproche à ses pairs de ne rien faire contre les assaillants. Evidemment, sa réaction provoque le courroux des soldats qui se voit tempéré par l’intervention de son père. Mais de retour au village dévasté, Philoklès continue à invectiver les militaires au point de proposer que lui, le petit pêcheur, se lance à la poursuite des pirates pour les mettre hors d’état de nuire. Voulant éviter une émeute, le stratège lui accorde sa requête et lui fournit armes et vivres. La tête dans ses épopées épiques, Philoklès quitte son père dépité et prend la mer avec pour destination le site où habite le prophète Tirégias pour le consulter. Après avoir obtenu ses divinations favorables, le jeune pêcheur prend le large. Dès la nuit tombée, un orage éclate et le fait échouer sur une plage à proximité de laquelle il découvre plusieurs femmes nues en train de se baigner. Seraient-ce les vierges de Phéacie ? ou pas… Sa destinée est en marche !

Par phibes, le 7 juin 2023

Notre avis sur KLEOS

À la suite de la parution d’un premier volet, la maison Bamboo, dans sa collection Grand Angle, a pris le parti de délivrer la suite des aventures du jeune pêcheur Philoklès en répondant à la demande de très nombreux lecteurs. En effet, ces derniers ayant reproché que le récit initiatique de ce personnage n’était pas réalisé, tel un roman graphique, en un seul tome, l’éditeur a souhaité satisfaire son lectorat en publiant la fameuse suite via une intégrale tout en s’accordant à reprendre le tome 1 paru précédemment.

Il est vrai que cette initiative éditoriale peut surprendre, mais elle a tout de même l’avantage d’être respectueuse du lecteur de la première heure. Elle permet de donc de (re)découvrir le fameux Philoklès au début de son épopée qui, soi-dit en passant, se veut bercée par la culture grecque et par les récits épiques l’Iliade et de l’Odyssée. Malheureusement, l’équipée du pêcheur est loin d’être héroïque tant le jeune homme, qui souhaitait pourtant marcher sur les traces d’Ulysse et d’Achille pour mourir glorieusement, va se retrouver dans des situations très tourmentées pour façonner une destinée non soupçonnée.

C’est ainsi que le récit nous offre un parcours picaresque des plus rebondissants, mâtiné de citations homériques et évidemment initiatiques. Il met en avant un personnage (Philoklès) rêveur en premier lieu qui va devoir, au fil de rencontres avec des personnages forts, prendre en main sa destinée. Par son biais, les coscénaristes Mark Eacersall et Serge Latapy se nourrissent subtilement d’un pan de l’histoire de la Grèce antique qui connaît la rudesse, les invasions, l’esclavage. On perçoit évidemment que les auteurs se sont bien imprégnés de leur sujet et l’ont restitué dans une forme didactico-aventureuse bien appréciable, usant pour cela une scénographie linéaire judicieusement simple mais efficace, empreinte de légèreté et également de violence barbare.

Pour cette odyssée, Amélie Causse réalise un travail graphique généreux. Changeant totalement de registre après La commode aux tiroirs de couleur, la jeune artiste parvient sans coup férir et talentueusement à nous plonger dans les ambiances de la Grèce antique via un semi-réalisme et des effets colorisés qui ont le privilège d’attirer le regard. La douceur de son trait, l’émotion qu’il suscite, tranchent habilement avec la cruauté de l’époque et nous donnent à découvrir des personnages au charisme bien soutenu.

Une fresque antique complète, adroitement portée par des personnages caractériellement opposés à découvrir vivement dans la collection Grand Angle de chez Bamboo.

Par Phibes, le 4 juin 2023

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