Kokoschka

Max Vento nous emmène dans le Vienne d’avant-guerre, à la découverte du peintre expressionniste et dramaturge autrichien Oskar Kokoschka. Le scénario se focalise sur l’histoire d’amour tumultueuse entretenue entre ce dernier et la veuve du compositeur Gustav Mahler, Alma. C’est dans le bouillonnement intellectuel et artistique de la capitale de l’empire austro-hongrois que son ami architecte Adolf Loos le fait pénétrer dans la demeure du peintre Carl Moll, père adoptif de la jeune femme.

De 1912 au début de la première guerre mondiale, Kokoschka va ainsi vivre une passion intense avec la compositrice. Max Vento narre avec talent cette relation qui alimente l’œuvre d’un artiste dont les peintures sont de plus en plus reconnues et appréciées, et qui s’obstine dans son désir de mariage avec Alma, malgré les réticences maintes fois affirmées par celle-ci. Les échanges épistolaires entre les deux amants rythment une liaison faite de moments de complicité intense mais aussi de descente aux enfers pour Kokoschka face à la volonté d’Alma de toujours repousser le mariage, le tout aboutissant à la réalisation du chef-d’œuvre expressionniste La fiancée du vent, peint en 1913.

Les 156 pages relatant cette période au final assez courte de la vie de Kokoschka, qui décéda en 1980, sont rythmées et Vento réussit à capter l’intensité de cette relation et ses conséquences sur l’œuvre du peintre. Son dessin semi-réaliste, au trait pouvant apparaitre parfois réducteur, restitue bien les sentiments des différents protagonistes, et la folie parfois provoquée par une histoire d’amour à laquelle le premier conflit mondial met fin.

Kokoshka c’est le portrait réussi d’un amour éphémère, au cœur d’une Europe qui va bientôt connaitre des tourments meurtriers, et d’un empire bientôt disparu.

A découvrir et à lire sans hésiter !

Par V. DEGACHE, le 14 juin 2024