KRAA
La colère blanche de l'orage

En février 1963, alors que le froid engourdit tous les habitants de la mégapole Klontown, Emily se prépare à laisser sa place de médecin hospitalier pour aller s’installer le long de la Rivière Brune, près de la réserve indienne du nord. Tout en amassant ses affaires, elle tombe sur le petit calepin dans lequel, quelque quarante années plus tôt, elle a consigné sa stupéfiante aventure avec Yuma l’indien autochtone et son inquiétant compagnon Kraa, l’aigle royal. Tout en parcourant les pages, elle se remémore le moment où ils étaient réunis dans la vallée, bercés par une certaine indolence bienfaisante. Elle se rappelle de cet instant de bonheur partagé qui fut contrarié par la pose de la première pierre du barrage devant noyer la belle vallée au profit du développement de Klontown. C’est alors que Kraa sema la terreur durant la cérémonie en faisant deux victimes et Yuma se décida à mener, au nom des siens assassinés, sa propre guerre contre les porteurs du projet. Evidemment, ces derniers et en particulier l’ambitieux maire Klondike ne furent pas en reste pour contrer cette belligérance. La première réponse fut de mettre la tête du rapace à prix.

Par phibes, le 15 février 2014

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Notre avis sur KRAA #3 – La colère blanche de l’orage

Benoît Sokal signe ici la fin de l’équipée de Yuma et de son compagnon à plume Kraa, les deux gardiens de la vallée soumise à l’ambition destructrice de projeteurs ambitieux et peu scrupuleux de Klontown. Dans des accents pleinement dramatiques qui sonnent le glas d’un milieu naturel sauvage, ce troisième et dernier épisode nous remet au contact des personnages récurrents de cette superbe épopée historico-fictive.

Contrairement aux deux précédents albums, le récit fait ici un bond temporel de plus de 40 ans. L’on retrouve Emily, devenue médecin, qui, se préparant à déménager, nous entraîne dans ses souvenirs de jeunesse et plus particulièrement au moment où elle avait retrouvé l’indien Yuma sur le territoire sauvage de ses ancêtres.

Grâce à son évocation personnelle et les nombreux flash-back que cette dernière ne manque pas de susciter, le lecteur reprend le cours de l’histoire entamée dans les tomes 1 et 2 ayant trait à l’émergence douloureuse de la cité Klontown. La tonalité du récit reste toujours aussi entreprenante, jonglant entre l’ambition aveugle des soi-disant civilisés et la vengeance impossible d’un petit autochtone. Benoît Sokal joue une de fois de plus admirablement sur le charisme de ses protagonistes, sur leurs apparitions, sur leur rôle bien précis pour faire avancer la tragédie. Les émotions sont au rendez-vous, gérées subtilement entre deux époques distinctes, avec des pointes légères de fantastique bien dosées et d’humanité déstructurée.

Côté graphique, l’artiste travaille dans un réalisme qui, certes, se détache complètement de l’univers de Canardo mais qui révèle une profondeur artistique indéniable. La richesse du dessin, la colorisation efficace, les remarquables plans inquiétants de Kraa, les émotions des personnages, tout y est pour un résultat hautement convaincant.

Un dernier opus pour une histoire superbe, mêlant drame et sensibilité, menée de main de maître par un Benoît Sokal au faîte de son talent. A lire !

Par Phibes, le 15 février 2014

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