KRAZY & IGNATZ
1916 - 1918

Après être apparus de manières très sporadique, le strip de George Herriman: Krazy Kat obtient sa propre parution, une fois par semaine, le Dimanche, une pleine page en noir et blanc à partir de 1916. On y découvre donc, de façon plus soutenue, les aventures d’un bien étrange couple formé d’un chat "Krazy" et d’une souris "Ignatz". le chat est amoureux de la suris, mais cette dernière ne le supporte pas plus que ça. Elle n’a qu’une passion, chaque jour, se procurer des briques et les balancer à la tête de Krazy !
C’est l’occasion pour Herriman de construire, mine de rien, tout un background derrière ce duo, de jouer avec la forme et d’écrire un morceau de l’histoire de la bande dessinée mondiale…

Par fredgri, le 24 juillet 2011

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Notre avis sur KRAZY & IGNATZ #1 – 1916 – 1918

Jusque là Fantagraphics n’avait pas accès aux neuf premières années de Krazy Kat, les droits appartenant à un autre éditeur. Il a fallu, donc attendre que ces droits se libèrent et qu’on puisse avoir les trois albums qui manquaient dans l’intégrale. Cet album est donc le tout premier de la collection, le véritable premier. Celui qui voit les premiers strips réguliers de Krazy Kat, les Sunday qui vont le suivre jusqu’en 1944.

Mais déjà, dans ces trois premières années on se rend bien compte de l’incroyable inventivité de ce génie de la BD qu’était Herriman. Il joue avec tout les ressorts possibles que lui ouvrent les situations qui se répètent, il explore les limites du médium, s’amuse à rythmer sa planche en agissant sur les cases, sur leur forme, sur les cadences, les décors etc. On est face à une véritable leçon de narration pure, sans aucun artifice, et toujours très originale.

On devine, malgré tout, que ce strip très particulier ne doit pas faire l’unanimité. Et c’est justement là que réside toute la particularité de Krazy Kat. Dès le début, Herriman va avoir un allier de choix en la personne de William Randolph Hearst, le magniat de la presse qui va lui donner son support indéfectible, reconnaissant sans doute l’aspect avant guardiste de cet univers. Et malgré les protestations incessante des lecteurs qui demandaient que ce strip incompréhensible soit retiré de leur journaux Krazy Kat va progressivement devenir l’un des premiers strips reconnus comme une œuvre d’art par les intellectuels. Nombreux sont ceux qui admirent sans limite ce chef d’œuvre de la bande dessinée mondiale, même à l’époque.

A ce jour les dailies n’ont été que très peu réédités, Fantagraphics annonce des recueils à venir, dès qu’ils en auront terminé avec les Sunday. Néanmoins, cette collection est remarquablement bien éditée, du rédactionnel qui replace les différents contextes, un travail de restauration incroyable et un vrai soucis de réhabiliter ce patrimoine qui garde même maintenant toute sa modernité et toute sa fraîcheur.

Si vous aussi vous aimez vous replonger dans ces univers qui ont servi de fondation à la Bande Dessinée moderne alors vous saurez vite vous plonger dans Krazy & Ignatz. Il faut toutefois reconnaître que ça n’est pas d’un accès très évident, au premier abord, pas mal de second degrès, de textes avec des accents, voir même de pavés, mais je rajouterais que cela en vaut très largement la peine.
A ce jour les Rêveurs ont racheté les droits pour une future VF, espérons que nous en voyons la couleur prochainement !

Par FredGri, le 24 juillet 2011

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