Krimi

1930, les habitants de Berlin sont saisis d’effroi en découvrant qu’un meurtrier ignoble sévit dans leurs rues, s’en prenant aux femmes à la tombée de la nuit. L’inspecteur Lohmann, en charge de l’affaire, repense alors au cinéaste Fritz Lang qu’il rencontra sept ans auparavant, alors qu’il enquêtait sur la mort suspecte de sa femme. Il le retrouve et lui suggère de se pencher sur cette curieuse série d’homicides pour qu’elle puisse potentiellement inspirer un futur film visant à éveiller la conscience du public face à la hausse de la criminalité en ville… Lang, qui vient de subir un échec avec son dernier film, envisage alors de filmer une histoire plus sombre qui aboutira à M le maudit…

Par fredgri, le 29 mars 2025

Notre avis sur Krimi

En 1930, le vent souffle en Allemagne. Le pays est alors pris en étau par le Parti national-socialiste de plus en plus influent et le chômage qui marque au fer rouge la population. Il est nécessaire d’éveiller les consciences. Fritz Lang et sa compagne scénariste Thea von Harbou décident alors d’écrire le scénario de M le maudit en s’inspirant des troubles sociaux qui défrayent la chronique, mais aussi, en partie, des meurtres de Peter Kürten, surnommé "le vampire de Düsseldorf", qui assassina et abusa d’enfants et de femmes en 1929.

Thibault Vermot et Alex W. Inker s’intéressent donc à cette histoire, à ce croisement de références qui va aboutir à l’un des grands chefs-d'œuvre du cinéma mondial. Ils partent d’une série d’agressions crapuleuses dans les rues de la ville, sur lesquelles enquêtent l’inspecteur Lohmann. Ce dernier se rend compte que la population n’est pas forcément plus inquiète que ça, il décide d’aller voir le réalisateur Fritz Lang qu’il rencontra quelques années auparavant, avec l’idée que cette histoire puisse éventuellement donner lieu à un film qui pourrait avoir de l’impact sur les gens. Tout d’abord agacé par l’insistance du policier, Lang finit par se laisser convaincre et entreprend l’écriture du scénario, puis le tournage d’un film au budget déjà très important.

À travers ces planches, nous plongeons donc dans une période de l’histoire allemande marquée par la montée du nazisme et par une précarité sociale extrêmement tendue qui favorise l’échauffement des esprits. Cependant, les auteurs en profitent aussi pour dépeindre une atmosphère de forte réflexion créative pour Lang qui se remet en question et qui envisage de faire son premier film parlant, en utilisant les possibilités que peut lui offrir l’usage du son, tout en travaillant ses cadrages avec une précision incroyable.
Le scénario est habile, il nous fait glisser entre les bureaux de la police, les rues animées, les cercles privés où évolue le réalisateur et les lieux du crime où le traîne l’inspecteur afin qu’il puisse témoigner de la violence qui y règne.

Graphiquement, Inker se renouvelle une nouvelle fois, abordant une approche stylistique différente de ce qu'il a pu faire auparavant, entièrement en noir et blanc, ponctuée régulièrement de pleines pages où il joue avec les éclairages, la typographie… On a vraiment l’impression de se retrouver en plein film expressionniste allemand de l’époque. C’est absolument magnifique. Sa seule prestation vaut l’achat de l’album.

Un album de 280 pages qui se dévore d’une traite. Fascinant.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 29 mars 2025

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