L'aigle, mademoiselle...

Mesdames et messieurs, préparez-vous à participer à l’unique représentation de la vie de celui qui, par ses écrits outranciers et ses frasques dégradantes, secoua l’opinion publique de bon nombre de générations. Pénétrez les méandres de ses cogitations les plus folles et vivez les scènes les plus lubriques. Donatien Alphonse François de Sade, de son rang Marquis, s’ouvre à vous dans un libertinage parfois bestial et immoral.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur L’aigle, mademoiselle…

Grand amateur de littérature, Jean Dufaux a décidé de se lancer dans l’écriture d’une série d’albums consacrés à des écrivains qui ont marqué leur temps et son esprit. Le controversé "Sade" est donc le premier à passer sous sa houlette d’érudit (avant Balzac, Hemingway, Pasolini) et vient se présenter à nous sous une forme originale et quelque peu délirante.

En effet, cet opus est loin de se présenter comme une étude historique comme on pourrait l’entendre. Il s’agirait plutôt d’une sorte de représentation théâtrale d’un personnage littéraire dans un anachronisme recherché. Individus d’hier et d’aujourd’hui se côtoient en même temps qu’acteurs et personnages réels dans un déferlement de scènes des plus atypiques. Etant donné qu’il nous est demandé de faire la part des choses, la lecture se veut quelque peu ardue. Mais sa curieuse consistance nous intrigue et l’on vient progressivement à se laisser happer dans ce tourbillon théâtral.

Inspiré des écrits du libertin et de sa vie dissolue, faisant appel à des références historiques, Jean Dufaux organise à sa façon la biographie de ce personnage haut en couleur portée par l’effigie de Depardieu. Lâchant à tour de bras moult tirades empreintes d’athéisme et de débauche mesurée, il décrit l’univers de ce philosophe osé, peuplé de luxure et de cauchemars, réduit par les murs des prisons ou asile dont il a eu l’obligation de fréquenter.

Le temps de cet album, Griffo délaisse sa série "Giacomo C." qu’il réalise avec ce même scénariste, pour nous faire l’étalage de son savoir-faire. Pas de doute à avoir, on reconnaît parfaitement son style réaliste, tout en finesse que l’on pouvait voir également dans la trilogie "Beatifica Blues", dans "Monsieur Noir", "SOS Bonheur"… L’érotisme qui se dégage de ces personnages féminins est excellent. Par ailleurs, les traits de Gérard Depardieu sont bien représentés et caractérisent aux mieux la complexité psychologique du libertin.

Si vous ne connaissez pas le marquis de Sade, cet ouvrage est une façon originale et amorale de vous en faire une certaine opinion.

Par Phibes, le 21 février 2009

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