L'appel de l'espace

Imaginons qu’un jour un message venu de l’espace soit capté par un quelconque observatoire gouvernemental ! Évidemment, on va dire que c’est un observatoire américain, hein ! Eisner se sert de cette idée pour complètement prendre à revers le contexte politique US, avec cet égo sur-dimensionné, avec cette vision de la civilisation occidentale, du partage des pouvoirs etc.
Dans cette farce pleine de cynisme l’auteur montre surtout qu’à partir d’un certain stade les idéaux disparaissent au profit d’une série de bras de fer qui orientent toute la politique internationale. On aura beau vouloir construire un monde idéal, rien ne tiendra la route face aux intérêts des uns et des autres. Le personnage principal, Bludd, apparait donc comme l’idéaliste pantin ballotté par les uns et les autres jusqu’au moment ou il semble comprendre comment tout ça fonctionne.

Une nouvelle fois Eisner nous montre sans ambiguïté qu’il reste l’un des artiste les plus lucide de son époque, qu’il est même l’un des grands maître du médium. Parce que non seulement, le scénario est passionnant, mais en plus, formellement c’est bourré de très bonnes idées avec une mise en page toujours très audacieuse. On assiste là à une très impressionnante démonstration de son talent et de son savoir faire.

Alors je ne sais pas si il s’agit là de son meilleur travail, loin de là, néanmoins, je peux vous assurer qu’on a ici une belle leçon de Bande Dessinée tout court !

Par FredGri, le 28 février 2011