L'arrache-Cœur

Venu prendre le vert dans ce petit village de campagne, Jaquemort, psychiatre de profession, plonge en pleine conscience collective dans ce récit métaphorique ou les travers de l’humanité prennent soudain vie ! Ainsi, il aide cette mère de famille à accoucher de ses trois enfants alors qu’elle reproche à son mari les douleurs de l’enfantement et les épreuves de l’éducation qui l’attendent. En parallèle, au village, on organise l’étrange "Foire aux vieux" qui consiste à vendre au plus offrant les personnes âgées jugées inutiles. En revenant sur le chemin, qui longe la rivière, Jaquemort rencontre un étrange homme nu qui vit sur sa barque nommée "La gloire" et dont le travail consiste à aller repêcher avec ses dents les fragments humains que rejettent honteusement à l’eau les villageois…
Et ça n’est que le début…

Par fredgri, le 11 mars 2020

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Notre avis sur L’arrache-Cœur

Quelle entreprise audacieuse que d’adapter en BD ce chef d’œuvre de Boris Vian !!! De mettre en image ce que l’écrivain évoquait avec ses jeux de mots, ses tournures de phrases, prenant chaque expression à la lettre, montrant du doigt littéraire l’absurdité de l’humanité !

Et contre toute attente, le duo Morvan/Péroz s’en sort admirablement bien, sachant parfois prendre des libertés avec le texte, proposer des réinterprétations plus personnelles, mais en gardant l’œil rivé sur le roman, sur sa cohérence !
Mais cette adaptation permet surtout de bien visualiser cet univers et de davantage réaliser sa dimension métaphorique qui découle des situations absurdes et étranges ! Car, certes, ce village et ses habitants nous semblent complètement barrés, néanmoins, en fouillant un peu plus les niveaux de lecture nous découvrons que le portrait qui nous est proposé dépeint une société qui n’est pas si éloignée de la nôtre. Les personnages s’expriment sans tabou et ouvertement, l’auteur se moque de la religion, de la psychanalyse, il tourne en dérision une conception de la famille et le lien entre les générations…

Alors bien sur, comme on peut s’y attendre avec l’auteur de L’écume des jours, nous plongeons dans un récit qui peut nous déstabiliser, qui demande une lecture plus active, plus curieuse qu’accoutumée ! Néanmoins, on est tout de suite transporté par la prestation graphique de Maxime Péroz qui transcende le scénario pour mettre un visage sur cette histoire hors du commun !
Ses planches sont dynamiques et très belles, mais c’est surtout son trait qui m’a le plus éblouit. Un style vif et plein de vie, à l’encrage qui joue habilement sur les graisses, les expressions ! Le vrai point fort de l’album !

Vous avez aimé le roman de Vian, vous devriez bien apprécier cette réappropriation assez habile et passionnante !

Par FredGri, le 11 mars 2020

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