L'ascension et la chute d'un génie des échecs

Bobby Fischer, champion du Monde des échecs en 1972.
Mais c’est aussi une vie qui mérite d’être contée. Son ascension et sa déchéance font partie du mythe de l’histoire des Etats-Unis.
Son parcours a été raconté dans de nombreuses biographies et même dans des films, dont un intitulé Le Prodige avec Tobey Maguire dans le rôle principal.

L’histoire de ce génie des échecs a aussi inspiré deux auteurs, Wagner Willian et Julian Voloj, pour en faire un roman graphique.
Bobby Fischer, l’ascension et la chute d’un génie des échecs est une lecture passionnante et intéressante autour de cet homme, mais aussi du monde des échecs. De plus, c’est une belle occasion de revisiter une part l’histoire récente des USA.

Le scénariste part de son enfance et de sa première découverte de ce jeu. D’entrée, nous le voyons fasciné par cette pratique. Les études sont un peu mises de côté du coup.
Pris en main par des aînés, il va s’entraîner, observer, apprendre tout ce qui concerne les échecs. Il va en faire une obsession.
Puis, à 14 ans, il devient le plus jeune champion américain. Il commence aussi à avoir des caprices de star, en quelque sorte.

Déjà, tout en nous contant cette partie de sa vie, nous avons suivi certaines périodes de l’histoire américaine, pour en arriver à la période du Vietnam et de la Guerre Froide.

1972. L’année où Fischer affronte le champion du Monde, soviétique, Boris Spassky. Le lecteur va être plongé dans ce duel, marqué par les demandes pénibles de Fischer.
Mais qui, au final, verra la victoire de l’Américain et son arrivée au sommet en tant que champion du Monde.
Puis, c’est la chute, après ses 30 ans…
Willian montre bien le côté ambigu de ce génie. Fischer n’est pas si sympathique que ça, il est froid, il a peu d’amis. Même sa famille a parfois du mal avec lui. Sa mère fera tout pour l’aider. Après son sacre, il va sombrer dans une sorte de démence, s’intéressant aux thèses complotistes entre autres, se fermant de la famille de sa soeur.
Son destin du coup, ne fait plus rêver. Et pourtant, le lecteur prend pitié pour ce pauvre homme qui connaitra une fin triste et solitaire.

Le roman graphique parvient aussi à expliquer en partie, le jeu, nous disant, par exemple, le rôle des pièces de l’échiquier. Le néophyte comprendra, ainsi, comment se jouent les parties.

Voloj fait du très bon travail dans la mise en page. Comme, par exemple, la façon d’utiliser la disposition d’un échiquier pour certaines planches. Le style arrive aussi à créer une certaine atmosphère. L’artiste n’hésitant pas à utiliser le style "gros nez" pour montrer, par exemple, le moment où Fischer disjoncte avec ses thèses complotistes.
Le remarquable boulot de Voloj apporte énormément à l’intêret pour cette biographie.

Bobby Ficher est un excellent roman graphique. Il parvient à nous faire réfléchir sur le génie d’un homme, sur sa folie qui peut en suivre, sur la déchéance après avoir connu la gloire.
En fait, l’histoire de Bobby Fischer devrait servir d’exemple à tous ceux qui – un jour – côtoient les étoiles puis, le lendemain, retombent dans l’oubli et les limbes.
Ce roman graphique est une très bonne lecture que je vous recommande.

Par BERTHOLD, le 30 septembre 2021