L'astragale

Anne a 19 ans, elle se brise l’astragale en sautant du mur de sa prison. là, sur le bord de la route, elle rencontre Julien, un petit voyou qui vit de larcin, accumulant lui aussi les peines de détention. Il décide alors de l’aider à se cacher. Il l’accueille chez sa mère, puis chez Nini et Pierre et plus tard chez Annie.
La jeune fille traîne cette jambe enturbannée comme un boulet, elle ne voit Julien que de temps en temps, en cachette, elle repense à ses années de prison, à Rolande qu’elle veut retrouver absolument… Petit à petit, elle craque pour Julien, ce beau blond qui vient la rejoindre parfois la nuit… Enigmatique lueur d’espoir d’un autre horizon… !

Par fredgri, le 21 avril 2015

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Notre avis sur L’astragale

A la base de cet album il y a le court roman d’Albertine Sarrazin, une jeune écrivain qui mena une vie fulgurante avant de mourir à 29 ans en 1967, des suites d’une erreur d’anesthésie !
L’Astragale raconte donc en partie l’histoire de sa rencontre avec Julien Sarrazin, sa vie pendant sa fuite avant d’être finalement reprise quelques mois plus tard. On est entre le polar d’ambiance, la chronique sociale et le récit intimiste d’une jeune femme qui s’interroge sur elle même, sur cet homme bien plus âgé qui la fascine. C’est la cavale, la débrouille, Anne décide de prendre son destin en main, de n’être plus dépendante de ces planques chez les autres, elle retourne donc dans la rue et en multipliant tranquillement les passes elle se prépare un meilleur horizon…

On se souvient de "Mine, une vie de chat" et du récent et passionnant "Le roi des scarabées" de Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risberg qui nous proposent ici de glisser dans l’univers tout en contraste d’Albertine Sarrazin.
Le regard qu’ils posent à la fois sur la matière originale, sur ces "héros" rebelles qui s’échappent, vivent en se cachant et sur cette relation morcelée, est très touchant, comme à fleur de peau. Le lecteur n’est pas forcément en accord avec tout, mais là n’est pas la question, car au delà de cette fuite il s’agit d’une jeune femme qui se construit, qui se désinstutionnalise pour développer sa propre voix. En nous immergeant dans cette rue, dans cette ambiance des années 60 nous sommes dans la matière brute qui fait un bon polar, celle qui échappe aux codes, qui se concentre sur les personnages, sur cette survie qui provoque les situations les unes après les autres. On sent bien la fureur qui s’immisce progressivement, cette rage de vivre tandis que la jeune femme attend et espère le retour de son homme… !

224 pages en noir et blanc, au style vif, plein de lumière, de noirs. Les textes originaux d’Albertine Sarrazin laissent parfois la place à de magnifiques planches muettes ou le pinceau glisse, accroche notre regard. Anne devient alors une silhouette, un vague trait qui dessine son menton, ses yeux, son nez. Et petit à petit le récit prend son temps pour suivre ce destin hors du commun, de s’attacher à ce petit visage aux yeux perçants qui traversent la page, qui nous fixent.

Un très bel album qu’il est agréable de redécouvrir en ce moment. Mais en parallèle je vous conseille aussi de vous lancer dans les fascinants romans d’Albertine Sarrazin…

La SNCF remettra fin mai 2015 son Prix Polar Bande Dessinée. 5 BD sont en compétition pour ce grand prix public (tout le monde est invité à voter sur www.polar.sncf.com)

Les autres albums en lice sont sur Sceneario.com

Par FredGri, le 21 avril 2015

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