L'empire des Hauts Murs

Matéo et son petit frère se sont introduits dans une grande maison abandonnée dont ils se sont tout de suite dit qu’elle ferait un chouette terrain de jeux et qu’ils se sont empressés d’appeler "l’empire des hauts murs". Mais alors qu’ils découvraient les lieux, ils se sont aperçus que d’autres avant eux avaient investi la vieille bâtisse et très vite, ils furent encerclés par de nombreux enfants bien décidés à protéger leur territoire ! Cette première confrontation tourna pour les deux jeunes garçons à l’épreuve, mais c’est avec brio qu’ils la réussirent, gagnant leur place dans ce que la chef, une fille qui se faisait appeler Princesse, appelait elle "la principauté des mille fenêtres".

Cette bâtisse abandonnée était comme un royaume pour tous ces enfants qui y trouvaient bonheur, insouciance, aventure et amitié. Mais ce royaume était de plus en plus menacé par les projets d’un promoteur immobilier…
 

Par sylvestre, le 7 février 2011

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Notre avis sur L’empire des Hauts Murs

C’est avec de nouvelles couleurs, signées Romuald Reutimann, que cette bande dessinée initialement parue aux éditions Delcourt est publiée par La Boîte à Bulles. L’occasion donc de découvrir ou de redécouvrir cette très belle histoire où les enfants sont rois.

Lorsque Matéo et son frère pénètrent pour la première fois dans l’empire des hauts murs (après avoir chipé quelques prunes dans un arbre !), le lecteur ne voit du lieu qui sera le cœur du récit que la façade, avant que lui soient dévoilés les immenses volumes de la maison où les choses vont se dérouler. Et déjà, c’est magique : ces insoupçonnables espaces qu’offre Simon Hureau à ses personnages sont un royaume, une cour de récréation où seuls des enfants accèdent et où les choses qu’ils vont vivre vont être comme multipliées par dix sur l’échelle de leurs plus beaux souvenirs d’enfance.

Ce n’est qu’après que Matéo et son frère ont prouvé qu’ils pouvaient faire partie de la bande que l’on se rend compte que la réalité des adultes rattrape malheureusement souvent les rêves des enfants et les étouffe : l’empire des hauts murs (ou la principauté des mille fenêtres, c’est selon) s’avère être en réalité une bâtisse dont une façade donne sur une rue de ville. Et l’on apprend qu’il est programmé qu’elle soit détruite au profit de nouveaux aménagements, plus modernes, pensés par des architectes qui ne savent pas qu’en faisant cela, ils vont briser un univers que des enfants s’étaient approprié pour en faire un lieu où ils aiment se retrouver, en toute simplicité et en toute amitié.

On ressent bien dans ce beau mais fataliste récit la notion de vision des choses par les enfants : tout paraît plus grand dans leurs yeux lorsqu’il est question de construire leurs rêves et leurs aventures. Même les murs sont hauts ; ceux qu’il faut escalader pour mériter, pour accéder à cet endroit magique dont seuls eux savent profiter. Et dès que la ville et la menace de reconversion qu’elle représente pour le bâtiment s’invitent dans le contexte, tout semble rapetisser, se recroqueviller : les enfants comprennent bien qu’ils ne pourront pas échapper à quelque chose que d’autres, plus grands, ont pensé, ont prévu, et leur imposeront. Et avec la reconquête des lieux par les adultes s’envole un peu de la jeunesse de ces enfants qu’on suit tout au long de l’histoire.

C’est très beau, c’est très touchant. Et on en ressort le cœur pincé, comme lorsqu’après une chouette colonie de vacances passée en compagnie de super potes, on doit se quitter et retourner à la réalité d’un quotidien moins poétique, moins empreint de cette liberté que seuls des moments à soi entre copains savent générer…

L’empire des hauts murs est en cela superbe. C’est une excellente bande dessinée que La Boîte à Bulles a bien fait de faire sortir de sa Malle aux Images !!!

Coup de cœur !
 

Par Sylvestre, le 7 février 2011

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