L'épinard de Yukiko

Frédéric Boilet est installé au Japon depuis quelques années quant il rencontre au vernissage d’une expo la belle Yukiko. Il finit par découvrir que la jeune femme est amoureuse d’un autre homme, Horiguchi, mais ce dernier est absent pour quelques jours alors Frédéric décide de profiter de cette parenthèse pour tenter de vivre une belle histoire d’amour qu’il va vouloir retranscrire sous forme de BD.
Alors qu’il tente de parler du nombril de Yukiko qu’il aime regarder et caresser, le narrateur se trompe et dit « épinard » (les deux mots en japonais se ressemblent beaucoup), commence ainsi une sorte de petit jeu amoureux entre les deux amants.

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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2 avis sur L’épinard de Yukiko

Luxe, calme et volupté ! Voilà, à quoi m’a d’abord fait penser cette bd une fois la lecture terminée. Ces paroles de mon préféré des poètes maudits, j’ai nommé Baudelaire, se marieraient plutôt bien avec les images de l’album de Boilet.
Luxe, car l’image que l’on regarde apparaît soyeuse, douce et généreuse et l’œil est totalement ravi par ce qu’il voit, l’imaginaire est comblé sans qu’aucun effort ne soit nécessaire… et cette image de facilité est largement représentative.
Calme, car chaque situation s’enchaîne sans à-coups, de façon innée, tellement naturelle qu’on lit l’album en entier, totalement détendu, sans s’être rendu compte qu’on arrive déjà à la fin !
Volupté, car elle est le moteur du dessinateur, il la capte partout, sur un front, dans une ride, dans un regard, il la dessine sur son agenda, il la traque !
Ce regard anoblit d’emblée un visage, un corps, un sourire, une situation, même une rupture car il laisse l’authenticité sans la juger. C’est un dessin qui montre mais qui n’exhibe pas ! Frédéric Boilet semble amoureux de son modèle, en tous cas il lui demande si elle l’avait deviné, et elle finit par dire oui ! C’est presque la fin de l’histoire !
Mais l’auteur a tellement besoin de vibrer pour vivre, tellement besoin d’être amoureux pour dessiner, qu’il n’arrêtera pas de regarder, encore et encore … et son œil observateur va découvrir Mariko… et ça va devenir une autre histoire.
Après une lecture contemplative, j’ai cette impression d’avoir observé un univers privé, intime, sentimental, d’avoir été curieuse à mon insu et pourtant, je n’ai rien trouvé de déplacé ni de dérangeant. Cette bande dessinée est étrange, elle est belle, le dessin est superbe, la narration est un vrai guide de réflexion, puis de pensée et enfin d’émotion ce qui est particulièrement intéressant en plus d’être profondément esthète.
Et voilà comment un dessinateur français part à Tokyo, y devient mangaka et raconte dans cet album l’équilibre qu’il a su trouver dans ce rapport homme-femme, juste entre l’amour, le désir et le plaisir….juste pour ce bien-être tellement envié que les heureux savent trouver, voir et garder.
Cette lecture s’adresse à tous, je lui trouve une touche de poésie et de légèreté en même temps qu’une sincérité très réaliste et directe plus saine parfois que nombreuses tergiversations et mises en scène qui compliquent tout inutilement !
J’ai adoré le charme qui se dégage de cette histoire d’amour et la douceur du dessin. A lire absolument pour découvrir l’auteur.

Par MARIE, le 19 octobre 2003

« L’épinard de Yukiko » est tout d’abord paru en épisode dans le mensuel japonais : Furansugo Kaiwa d’Avril 2000 à Juillet 2001.
C’est une douce histoire d’amour autobiographique entre l’auteur et une jeune japonaise qui va lui servir de modèle. On est tout de suite envouté par le rythme de cet album qui s’étire tout doucement, se déguste délicatement en suivant les regards échangés, les sourires. Frédéric Boilet nous fait partager quelques moments avec sa jolie Yukiko, nous entraine au travers d’ellipses, de jeux de miroir, d’illusion dans une nouvelle expérience de BD, la sensation avant tout, la contemplation du quotidien. De ce fait il s’inscrit fondamentalement dans une approche plus orientale et plus moderne de la BD, comme il le décrit dans son manifeste de « la nouvelle manga ».
Ce qui est vraiment fascinant aussi c’est justement l’oeil de cet artiste qui construit ses plans comme aucun autre, qui laisse les personnages arriver, le regarder (la scène ou Yukiko arrive à un rendez vous en souriant est très bien écrite, j’aime bien aussi la scène du restaurant…) mais surtout qui ne se lance pas dans des grandes envolées naratives. Juste de la sensation.
Alors oui, parfois on a l’impression d’être les témoins d’une histoire qui ne nous regarde pas mais l’auteur ne tombe pas dans le voyeurisme et dans l’emphase, c’est bourré de tendresse et d’amour, simplement.
Pour cet album Frédéric Boilet a utilisé une technique informatique et du coup son trait s’est affiné, personnellement je regrette la graisse de son vieux style, je lui trouvais plus de vie, plus de force. Mais en contre partie, ce nouveau traitement donne résolument plus d’émotion car plus proche des expressions, une légère trame a été rajoutée pour relever la lumière et donner de la profondeur ! Résultat, les planches sont magnifiques.
« L’épinard de Yukiko » est un album vraiment très touchant, l’occasion parfaite pour aller à la rencontre de cet auteur et de son approche si personnelle. Il ne faut plus hésiter une seconde et consommer sans aucune modération cet album rare.

Par FredGri, le 4 juillet 2003

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