L'épouvantail

Klynham, Nouvelle-Zélande, début des années trente.
On a récemment retrouvé une jeune fille, Daphné Moran, violée et égorgée. L’enquête piétine et la communauté a été profondément marquée.
Peu après débarque Hubert Salter, un grand personnage quelque peu magicien, qui arrive progressivement, malgré son air douteux et inquiétant, à séduire tout le monde, sans que persponne ne semble remarquer les regards bizarres qu’il lance sur la jeune et belle Prudence.
Mais les événements se précipitent, morts étranges, disparitions, incendies… Tous se posent des questions…

Par fredgri, le 10 octobre 2012

Publicité

Notre avis sur L’épouvantail

Alors oui, c’est vrai, cet album je ne l’ai plus lâché jusqu’à la fin. Complètement pris par ces personnages qui se croisent, par cet enchevêtrement de chemins, et ces moments croustillants ou chacun s’exprime, digresse, fait vibrer chaque page d’une vie incroyable. Ici nous ne sommes plus vraiment dans du pur polar, mais dans la matière même d’une communauté rurale, un peu frustre, décomplexée et quelque peu gouailleuse. Le plaisir de la lecture passe donc bien plus dans les scénettes qui se déroulent devant nous et dans les signes qui pointent le bout du nez que dans l’intrigue pseudo policière qui ne prend que peu de place à la fin et qui ne voit même pas son aboutissement dans cet album !

Mais l’autre très grande qualité de cette histoire c’est qu’elle n’a aucune dimension critique. Les personnages, leur cadre de vie et leur relation les uns avec les autres nous sont montrés dans leur vérité la plus directe, sans emphase ni pathétisme ! D’ailleurs c’est truculent de les écouter, de les regarder vivre… Puis on s’attache rapidement aux perso principaux, comme les jeunes Leslie et Ned, la belle Prudence qui envoute tout le monde grâce à son naturel désinhibé… Et on sent bien que les auteurs aiment ce petit monde, qu’ils se plaisent bien plus à évoluer avec eux qu’à se concentrer sur les meurtres et autres disparitions…
C’est vrai qu’en contre partie, cet aspect de l’intrigue manque cruellement de corps, qu’il y aurait eu certainement plus de choses à développer autour du mystérieux Salter, histoire de faire davantage monter la tension… On a presque l’impression qu’en fin de compte tout ça est assez anecdotique et c’est renforcé par la résolution qui fait un peu précipitée.

N’empêche que j’ai aussi du mal à condamner le scénario tant je me suis laissé complètement séduire par les digressions que les auteurs se permettent pour éviter d’entrer dans le fond de l’affaire. Il y a un côté "joyeux fumiste" qui m’a énormément plu. D’autant que, mine de rien, ils se sont concentrés sur ce qu’il y avait de largement plus intéressant, la matière humaine, même s’il aurait été bien intéressant de gripper cette matière avec une vraie tension bien malsaine et ravageuse !

Mais avant tout ça, j’ai surtout été sous le charme du graphisme de Jules Stromboni que je ne connaissais pas ! Et quelle rencontre que ces planches, sur papier jaune, mêlant crayon de couleur, peinture, encre…
C’est pas compliqué, c’est sublime d’un bout à l’autre. C’est vibrant de vie, incroyablement expressif et d’un charme général quasi hypnotique !
Je me suis vu plusieurs fois revenir en arrière pour juste regarder une planche par-ci par-là ! Bref, je me récupère le plus vite possible ses autres albums !

Donc un très gros coup de cœur que cet étrange polar qui n’en est presque plus un.

Admiration la plus distinguée !

Par FredGri, le 10 octobre 2012

Publicité