L'étrange voyage de Jonathan Melville

Le 7 octobre 1949, alors que son bateau quitte de port de Batavia, le lieutenant Jonathan Melville écrit à sa dulcinée pour d’une part, lui annoncer son retour définitif au pays et d’autre part, lui relater sa dernière mésaventure. En effet, quelque trois mois auparavant, ce dernier voit le navire sur lequel il se trouvait pris dans une tourmente inexplicable qui le transforme sous l’effet d’une vague assassine en un naufragé isolé. Il est recueilli sur la grève d’une terre inconnue par deux énigmatiques jeunes filles qui ne tardent pas à le séquestrer. Quels sont leurs véritables desseins si tant est qu’elles en aient ? Grâce à l’intervention d’une petite sirène, Jonathan ne va pas attendre la réponse et s’enfuie avec elle. Mais son étrange voyage est loin d’être terminé.

 

Par phibes, le 10 mai 2011

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Notre avis sur L’étrange voyage de Jonathan Melville

Calamar, la toute nouvelle collection de chez les éditions Paquet dirigée par Tony Sandoval compte en son sein un nouveau volume. Après Les bêtises de Xinophixeros, voici donc le premier ouvrage réalisé par Chanouga, jeune auteur débutant qui nous entraîne, conformément au sous-titre évocateur, dans un voyage aux portes de l’étrange.

L’histoire contée est des plus originales. Celle-ci commence par une confession écrite par un officier de marine à son aimée. A l’issue d’un changement brutal climatique et d’un chavirage, celui-ci se voit pris dans le tourbillon d’une équipée qui l’amène à franchir le seuil d’un univers inconnu à la fois ensorcelant de par la douceur physique féminine qu’il exhibe, et terrifiant, oppressant, de par les aspirations malsaines, tentaculaires, de celles qui y résident.

La sensibilité extrême qui se dégage de cette odyssée tortueuse est irrésistible et verse dans une évocation onirique, noyée dans des méandres limbiques proche de la folie, que l’on peut apparenter à un conte marin. Le ton est assurément poétique, non violent mais laisse transpirer une menace perpétuelle dont on attend avec impatience sa déclaration officielle et qui interviendra dans un final adroitement mené, surprenant et imparable.

Chanouga nous fait preuve certes d’une grande polyvalence et d’une maturité étonnante. Son travail graphique témoigne d’une recherche de volupté d’expression, où la beauté au féminin peut prendre des allures insoupçonnées, sournoises et périlleuses. La douceur de son crayonné et de sa palette de couleurs pastel est remarquables et a le don, tel l’appel des sirènes, d’interpeller le regard du lecteur voyageur et à l’emprisonner dans ses ambiances fantastiquement contrastées et volontairement incohérentes.

De profundis est un très bel appel au voyage duquel on ne revient certainement pas indemne.

 

Par Phibes, le 10 mai 2011

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