L'histoire d'un sorcier

Il était une fois Nuit Durable, un pays condamné à vivre éternellement dans l’ombre et la terreur, entretenues en cela, pour la partie du territoire qui le concerne, par le sorcier Bafflerog Moustachirsute. Issu pourtant d’une haute lignée de magiciens maléfiques, ce dernier dont les sorts lancés se révèlent somme toute profitables, n’a réellement pas le cœur à faire souffrir son prochain. Aussi, sa manière d’agir vis-à-vis de ses ouailles est de nature à courroucer le conseil ténébreux et plus particulièrement le seigneur Malépine. Ce dernier, n’en tenant plus, rend un jour visite au généreux sorcier et le menace de sa noire vindicte s’il ne retrouve pas le Livre du Pire qui lui permettra d’accroître son pouvoir maléfique sur le monde entier. Totalement dépité, il ne peut que se mettre en ordre de marche aidé en cela par son compagnon dévoué et envoûté, le crapaud Cancracine, rejoints un peu plus tard par Ramdam, fils de bûcheron et apprenti pourfendeur de dragons. La quête qui s’annonce est de nature à entraîner le curieux équipage dans les couloirs de l’espace et du temps, épié de près par les troupes du Conseil ténébreux qui n’attendent que le moment opportun pour s’emparer du livre maléfique.

 

Par phibes, le 7 mars 2011

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Notre avis sur L’histoire d’un sorcier

Parues originellement sous la forme d’un diptyque aux éditions Bulle Dog durant les années 2001 et 2002 sous le titre de Bafflerog le sorcier, les aventures maléfiques de ce dernier font l’objet d’une nouvelle mise en avant. Cette initiative revient à la maison Soleil qui en profite pour les relier en un seul et même volume qui intègre sa collection internationale Soleil US Comics.

L’histoire dont il est question est à déguster tel un conte pour enfant. Regorgeant de fantaisie pure, elle nous entraîne du côté obscur de la magie où tout n’est pas si maléfique. Kurt Busiek nous plonge dans un monde merveilleux peuplé d’une multitude de personnages bigarrés, exhalant empathie ou méchanceté. Dans cette mixité de caractères ô combien antagonistes, naît une quête que le fameux Bafflerog Moustachirsute, sorcier malhabile et peu enclin à faire du mal va devoir assurer pour éviter la colère de ses pairs et plus particulièrement par le plus avide, Malépine. A ce titre, elle se révèle originale dans son déroulement et surtout dans la façon de mêler les dimensions, l’onirisme à la réalité que l’on connaît.

Comme il se doit, on nage en pleine féerie. Le verbe est généreux, abondant, sensible et très évocateur. Kurt Busiek sensibilise son lectorat avec une maîtrise artistique extraordinaire. Certes, son récit peut accéder à quelques pics de noirceur nécessaire mais garde dans sa majorité, une fraîcheur juvénile, une émotivité attachante, une certaine bienveillance. Bien sûr, il y a du mystère (entretenu par le crapaud et le Livre du Pire) et il y a un héros qui se doit de se battre, sans réellement le vouloir, pour le genre humain.

On ne peut qu’être envoûté par le travail graphique rigoureux de David Wenzel (Bilbo le Hobbit) qui donne vie à un univers grouillant et coloré. A l’image de ceux que l’on peut admirer par ailleurs dans le one-shot Santa-Claus de Michael G. Ploog, ses dessins sont somptueux, exécutés en couleurs directes dans des dimensions surprenantes. De la vignette à la double planche entière, son coup de pinceau est aiguisé, dégageant de par son trait proportionnel et les teintes pastel une douceur des plus attrayantes. Le découpage est énergique, octroyant une dimension irréelle qui ne peut que convenir à cette évocation fantaisiste. Ses décors fourmillant sont d’une réelle beauté, et ses personnages dégagent pour le plus grand nombre une bonhomie remarquable.

Une histoire ensorcelante sur un monde onirique et sur une quête que l’on prend plaisir à lire et aussi à raconter.

 

Par Phibes, le 7 mars 2011

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