L'Histoire de l'ours

La cavale d’un ours, entre l’Italie et l’Allemagne, pousruivi par des chasseurs qui finissent par le blesser. Trouvé par une jeune fille qui le confie à son ami Manfred, un homme qui comprend le langage des sangliers, l’ours va hiberner, caché par Manfred. Mais à son réveil, alors qu’il a changé il veut se rendre à Hambourg…
En parallèle nous rencontrons Stefano le Lapin et son compagnon Renzo, un singe autiste et ambulancier. Tout deux essaient de sauver Bianca…

Par fredgri, le 21 novembre 2013

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Notre avis sur L’Histoire de l’ours

"L’histoire de l’ours" est un album complètement atypique qui demande un gros effort de lecture, ne serait-ce que pour simplement arriver à appréhender lentement le récit.
En effet, plus nous progressons plus les axes de lectures semblent se multiplier et nous faire entrer dans un univers très particulier ou les animaux parlent, ou l’ours prend des reflets de panda et s’humanise progressivement en traînant ses pattes le long des chemins forestiers. Nous le suivons des yeux tandis que le texte qui accompagne les illustrations nous ramène vers les confidences d’un lapin ambulancier qui écrit à sa fiancé. L’univers qui s’ouvre alors à nous exige de l’interprétation d’une part, mais surtout il nous demande une immersion presque aveugle et sensorielle.

Car c’est bien de ça qu’il s’agit ici, d’un voyage des émotions, des sens !
Le graphisme extrêmement texturé de Stefano Ricci nous ramène vers la matière elle même, vers la trace, une griffure qui vient accompagner une ligne, un contour. Le blanc devient granuleux, il s’écaille, il se tâche, il entoure une silhouette qui s’étire entre les arbres, il évoque un mouvement de pinceau et petit à petit nous devinons l’émotion dans ce qu’elle a de plus fondamental, dans son silence. L’ours prend alors de la profondeur au fil des pages qui se succèdent.
Ricci épure à l’extrême sa narration, préférant rester flou, elliptique, provoquant les sensations plutôt que de les décrire de façon trop directe. Il trouble le jeu en mélangeant les récits, on a parfois un peu de mal à s’y retrouver entre cette histoire d’ours, celle avec Stefano et Renzo, on a le sentiment que pas mal de choses demandent à être décryptées et du coup que l’ensemble provoque chaque fois de nouveaux efforts…

Alors certes, la lecture en devient plus ardue, exigeante, néanmoins quand on arrive à glisser dans les traces de l’ours on devine très vite la douleur de l’animal en difficulté, qui souffre, qui se transforme au fur et à mesure, conscient de ce monde qu’il fuit inexorablement. Il y a une nécessité de bouger, de se fondre dans une nature fascinante ou les histoires se croisent, dramatiques comme évasives.
Toutefois je n’ai pas la prétention d’avoir forcément tout bien appréhendé, loin de là, malgré tout je me suis laissé emmener, surtout !

C’est difficile de vraiment parler d’un tel album, car Stefano Ricci, qui revient ici à la BD après de nombreuses années entièrement consacrées à la peinture, est un artiste bouleversant qui a un sublime univers pictural aux antipodes de ce qu’on a l’habitude de voir. De plus, son récit demande à être dompté, il faut prendre une part très active dans cette lecture, au risque de se perdre et de ne pas y trouver ses marques. Mais c’est un album qui mérite l’effort, tant le voyage en vaut la peine, tant cette rencontre ne laisse personne indifférent !

Alors oui, beaucoup risquent de passer à côté, peut-être même être rebutés par l’extrême personnalité des planches, mais à tout ceux qui aiment justement rencontrer des artistes hors norme, je vous conseille cette lecture complètement dépaysante et fascinante !

Par FredGri, le 21 novembre 2013

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