L'homme de la sitaution

Promis à prendre du grade au sien de l’école primaire où il travaille, Manu se voit toutefois perdre son poste au profit d’une collègue moins investie que lui. Dépité, l’instituteur quitte avec fracas l’établissement pour aller errer du côté de la zone industrielle. Il tombe sur deux garçons déscolarisés en train de fumer une cigarette. Lors de leur échange, ils sont rejoints par leur sœur poussant leur petit frère handicapé. Toujours sous d’une vive émotion, Manu retrouve le lendemain ces derniers et leur propose de leur donner des cours de rattrapage. Cette initiative, généreuse au demeurant, va entraîner l’enseignant dans une descente infernale qui va remettre en cause sa position d’homme fort et réveiller ses pires angoisses.

Par phibes, le 4 février 2021

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Notre avis sur L’homme de la sitaution

Après son récit biographique La fille dans l’écran coréalisé avec Marion Desveaux en 2019, Lou Lubie fait un passage dans la maison Dupuis afin de mettre à l’honneur son nouveau roman graphique dédié à un personnage promis à une ténébreuse remise en question.

Il ne fait aucun doute que cet album est loin de laisser indifférent tant le message passé se veut plus profond qu’il n’y parait. Sous le couvert de l’instituteur Manu et des différentes déconvenues (familiales, amoureuses, professionnelles) vécues par ce dernier relatées efficacement à différentes étapes de l’histoire, l’on assiste à une véritable introspection phycologique qui a l’avantage d’être servie subtilement détournée.

A cet égard, l’on concèdera que l’effet de surprise est de mise dès que l’on découvre que Manu, inscrit dans son rôle homme fort, est pris au piège d’une sinistre manipulation d’une famille. A prime abord, on a tendance à croire que le récit bascule inexorablement dans un fantastique inattendu. Mais ce n’est pas le cas puisque Lou Lubie a décidé de jouer avec la partie sombre de Manu, celle qui reste au plus profond de lui et qu’il va devoir dompter au fil d’une longue quête tourmentée.

Graphiquement, l’autrice reste sur une illustration qui se veut assez classique, dans un semi-réalisme qui se veut à la fois des plus rafraîchissants et charmeurs. A l’appui d’un découpage de planches habile et d’une colorisation de qualité, l’artiste anime son environnement contemporain avec douceur et même chaleur. Manu reste convaincant dans ses émotions, les angoisses personnifiées de celui-ci se révélant particulièrement piégeuses.

Un récit aux accents de thriller psychologique des plus prégnants, qui joue adroitement sur les deux facettes que sont la fiction et la réalité.

Par Phibes, le 4 février 2021

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