L'homme de mes rêves

L’homme de mes rêves est une œuvre complexe et sensible qui porte sur l’amour ; le vrai. Celui qui repose sur la tendresse et la confiance. Mais toutefois aux antipodes du récit fleur bleue, Nadja nous offre un roman graphique de genre qui emprunte davantage au thriller psychologique et au polar noir qu’aux romances amoureuses.

Dès les premières pages le ton est donné, crépusculaire et taiseux : seul le « clip clop » des pas d’une jeune femme vient troubler le silence et la solitude d’une ruelle et d’une cage d’escalier la nuit… Puis soudain, sans que l’on en connaisse les raisons, la fille aux chaussures rouges, Kate, fuit. Mais vers où ? Le sait-elle elle-même ?… Au fil des pages le doute et l’angoisse s’épaississent dans l’esprit de Kate et aussi dans le notre. Et ce n’est que peu à peu que la jeune femme s’ouvre et que l’on comprend, que l’on saisit véritablement l’ampleur de la violence morale et insidieuse qui la ronge. Celle de l’emprise d’un homme qu’elle n’aime pas sur elle. Pour aborder cette culpabilité intériorisée Nadja plonge en quelque sorte – et non sans malice – son histoire dans un état de veille permanant, on vogue entre les rêves et la réalité sans forcement savoir de quel côté on se trouve précisément.

La narration passe essentiellement par le dessin et le choix des cadrages et plans de vue particulièrement soigné. Le poids du silence possède également une grande place, , simplement interrompu par des « vraoum », « poink », etc., c’est lui qui structure toute un pan du récit. Nadja manie les onomatopées avec une justesse rare et précieuse. Son dessin est épais, assez lourd, et pourtant terriblement élégant et expressif. Personnel, il touche par l’expression sincère du ressenti de son auteure.

Récit fort et d’une grande richesse, L’homme de mes rêves est une bien belle bande dessinée. A découvrir sans faute !

Par melville, le 20 mars 2011