L'homme qui a séduit le Soleil

Le nouveau volume de la collection Jungle pépites, qui a pour ambition de proposer, selon l’éditeur, le "meilleur de la littérature adapté an BD pour la jeunesse", est la transposition d’un ouvrage de Jean-Côme Noguès, écrivain spécialisé dans le roman historique jeunesse.

L’homme qui a séduit le Soleil nous plonge dans le Paris du milieu du XVIIème siècle, alors que Louis XIV, secondé par sa mère Anne d’Autriche, sorti victorieux des troubles la Fronde, mais pas encore souverain absolu et tout puissant, est confronté aux ambitions de son Surintendant des Finances, Nicolas Fouquet. Nous suivons dans ce contexte agité Gabriel, jeune orphelin, qui tente de percer dans le théâtre et qui est rapidement repéré par Molière.

La BD propose une galerie de portraits historiques de ces années 1660, apparaissant parfois quelque peu artificiels, davantage à vocation didactique que servant réellement l’intrigue. On croise donc Molière, Anne d’Autriche, Fouquet et Louis XIV, mais également Jean de la Fontaine, d’Artagnan, ou bien encore Armande Béjart. On sent même parfois le dessinateur embêté pour insérer ceux-ci graphiquement dans le récit…

L’intérêt de cette adaptation réside surtout dans le choix d’Eric Liberge (Monsieur Mardi-Gras Descendres, Le suaire…) pour le dessin. Celui-ci sublime aussi bien la vie des rues parisiennes que la fête somptueuse de Fouquet donnée en l’honneur de Louis XIV. La qualité du trait, de l’encrage, la richesse des décors, font de cet ouvrage à destination pédagogique un succès graphique, palliant quelque peu les faiblesses narratives. En effet, la lutte entre Louis XIV et son surintendant des Finances ralentit l’intrigue, et nous fait perdre de vue la quête de réussite professionnelle du jeune Gabriel, même si l’on en comprend la finalité pédagogique à l’égard des jeunes lecteurs.

Un cahier complète d’ailleurs la lecture de l’album. Malheureusement, celui-ci se résume à de courtes notices biographiques, et à un QCM sans grand intérêt. Dommage, alors qu’un apport historique adapté au public visé, et en lien avec les programmes du collège, aurait pu apporter une réelle plus-value à cette honorable adaptation !

Une BD jeunesse qui ne se fiche pas, graphiquement, de son lectorat, mais pêche cependant par un scénario aux trop faibles enjeux dramatiques, risquant de laisser sur leur faim les plus jeunes commes les adultes !

Par V. DEGACHE, le 27 novembre 2020