L'homme sans sourire

Au royaume de Monsieur Joyeux, il est hors la loi de sourire, surtout quand on fait partie des basses gens, les sinistres. Lorsqu’il est né, Hubert 31-36 a malheureusement enfreint cette règle. Sa famille et lui-même ont, dès lors, été arrêtés par la police du sourire et mis entre les mains d’un médecin pour l’ablation du rictus proscrit. Sept ans plus, affublé d’une sinistre cicatrice, Hubert sort de son travail forcé et apprend que le roi, Monsieur Joyeux, a eu une fille, la princesse Carmine. A cette occasion, il lui est permis comme pour les autres sinistres, de rire pendant quelques secondes. C’est durant ce petit instant de liberté qu’il se décide de chercher sa princesse. Mais le temps passe et Hubert, vingt-sept ans après, n’a toujours pas trouvé l’élue. Se pourrait-il que le coup d’Etat engagé par un ennemi de la couronne puisse lui donner cette opportunité et lui donner l’occasion, lui le sinistre, d’agir dans la plus haute sphère ?

Par phibes, le 18 mars 2021

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Notre avis sur L’homme sans sourire

Sous la bannière de chez Bamboo, Louis revient comme scénariste dans la belle et abondante collection Grand Angle qui le met bien en évidence. Après Mon père, ce poivrot, l’Amour est une haine, Road therapy…, le sympathique scénariste nous invite à le suivre dans un conte fantastique ô combien décalé et pour le moins décontenançant bénéficiant d’une profondeur intimiste inconcevable.

Pour ce faire, Louis nous met dans l’ombre d’Hubert, un homme de la masse populaire surnommée les sinistres, qui vit dans une société totalitaire interdisant le « bonheur » au profit d’une sinistrose délétère. A n’en pas douter, dès les premières planches, le décor est planté et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne respire pas la gaieté et qu’il se veut d’un atypisme délirant.

Fort de cette volonté scénaristique, l’on suit le personnage principal, véritable antihéros, qui, inopportunément, va devoir se retrouver face à ceux qui le contraignent. C’est dans une ambiance pour le moins oppressante que les péripéties s’enchaînent, titillant l’absurde volontairement, le tout agrémenté d’une narration pleine de sel et auréolée de rimes. La surprise est donc totale mais cache quelque chose d’un peu plus profond qui se veut en rapport avec les difficultés de tout un chacun peut connaître et la nature même de Louis.

Pour animer ce conte original, Louis a fait appel à Stéphane Hirlemann qui, après avoir utilisé ses crayons dans différents magazines, passe pour la première fois à l’échelon de production grand public. Il convient de dire que pour une première, l’artiste frappe fort. A l’aide d’un storyboard signé par le scénariste, il met en œuvre un univers pictural d’une grande richesse, bénéficiant de très belles perspectives. On perçoit déjà une réelle maturité dans ses décors comme dans l’articulation de ses personnages, relevés en cela par une colorisation qui lui sied à merveille.

Un ouvrage sur une thématique insoupçonnée, à lire et surtout à relire après avoir franchi la dernières planches.

Par Phibes, le 18 mars 2021

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