L'île au trésor

Cet étrange chantier intrigue tout le monde dans le quartier. Que se passe-t il ? On raconte que les vigiles du chantier ont tiré sur Chien-Noir, un sans-abri…
Puis, un matin il y a cet homme qui entre dans le bar-hotel. Il demande du champagne et une chambre. Tout de suite, il prend à part la petite Jacquot et lui demande de surveiller pour lui les gens qui rôdent, qui demandent après lui. Il semble détenir un secret, il tremble. "un homme demandera après moi… S’il a une « sale gueule… une gueule de traître… s’il marche en claudiquant et en s’appuyant sur une canne avec le pommeau d’argent au bout, alors souffle dans ce sifflet, le plus fort que tu peux !"…
Et le mystérieux boiteux va venir, il s’appellera Jean Dargent.

Jacquot et ses amis vont devoir entrer sur le chantier pour récupérer des mallettes pleines d’argent, des mallettes qui attirent bien du monde !

Par fredgri, le 10 janvier 2012

Notre avis sur L’île au trésor

Depuis quelques temps, on a droit à quelques très belles adaptations de grands romans, notamment avec la collection Noctambule de Soleil, mais généralement on reste aussi dans des adaptations assez fidèles. Ici les auteurs ont décidé de partir davantage sur une adaptation libre, se servant du texte original pour parler du monde moderne. Le parallèle est à la fois très audacieux et particulièrement pertinent. Non seulement, cela amène un regard plus profond sur "L’île au trésor", mais en plus cela permet aux auteurs d’aborder des thèmes très forts qui résonnent de façon très particulière avec le climat social actuel.

L’île au trésor devient donc un chantier mystérieux protégé par une armée de vigile, les pirates boiteux sont de vieux chef d’entreprises libéraux avides de grosses sommes d’argent pour davantage asseoir leur pouvoir et les héros sont des habitants de quartier désintéressés. On suit le schéma du livre, avec l’étrange visiteur qui détient le secret, le complice boiteux qui va ensuite essayer de manipuler tout le monde, le "trésor" caché quelque part…

C’est réellement très adroitement exécuté. Le scénario, même en prenant une direction "critique sociale", reste passionnant et très prenant, on est de plein fouet dans un vrai récit d’aventure avec des reliefs de thriller. De plus, pour peu que l’on connaisse le livre d’origine, les parallèles sont particulièrement bien trouvés.

Personnellement, j’ai beaucoup aimé cette façon de parler de ce qui ronge notre société moderne, cet arrivisme qui justifie son agressivité et son mépris derrière des arguments malhonnêtes. Cette course au trésor devenant une course à la survie ou le peuple décide de résister aux manipulations de l’oligarchie qui domine.
Il y en aurait à dire sur le sujet et d’autres le feront plus sérieusement que moi, certainement, mais le fond est là et au final on a un album incroyable !

De plus, on retrouve un Jean-Philippe Stassen en pleine forme. Même si on s’éloigne des rues africaines, les thèmes restent là et on retrouve ce graphisme incroyable, très expressif, avec une vraie beauté d’ensemble qui coupe le souffle. Que ce soit dans les détails, les ambiances ou les cadrages on est dans du pur Stassen.
Ce dernier s’est fait de plus en plus rare depuis quelques années, et c’est donc un vrai plaisir de le retrouver au détour de ce très bel album. Il avait déjà réalisé avec Sylvain Venayre l’adaptation de "Au cœur des ténèbres" toujours chez Futuropolis en 2006 et depuis plus rien.

Cette adaptation peut déstabiliser les puristes, néanmoins elle propose aussi une relecture pertinente du livre de Stevenson. Dès sa sortie je vous en conseille la lecture !

Par FredGri, le 10 janvier 2012

Publicité