L'île du temps

 
C’est à la lecture d’un one-shot que nous invitent les éditions Komikku avec ce manga L’île du temps écrit par le scénariste Takashi Sugimoto et dessiné par le mangaka Naotsugu Matsueda (Persona). L’histoire commence avec un schéma très classique : un groupe qui se retrouve sur un lieu isolé et qui doit, sans aide extérieure, affronter un grand et mystérieux danger. Sauf qu’à cela s’ajoute un autre "classico" : la notion du temps désarticulé et la possibilité (ou le devoir !) de changer le cours des choses.

Rien de bien original, à première vue, et pourtant, le "méchant" qu’on voit sur la jaquette du livre se révèle dans l’histoire être quelqu’un qui certes a l’apparence d’un méchant mais qui en fait est une victime demandant de l’aide. Cela dit, la méfiance ne décroît pas pour autant, surtout qu’une série de meurtres va endeuiller (et ensanglanter !) la petite île de Yagô où l’action se déroule. Alors, méchant ou pas ? Finalement, on est en droit de se le demander… jusqu’à la fin !

Le récit se lit bien et le dessin est agréable, même s’il n’est vraiment pas exceptionnel. Le scénario est lui par contre un peu plus biscornu et cette notion de temps qui dérape pose quelques problèmes de compréhension. Alors soit on choisit de se laisser embarquer et on "boit" l’histoire sans trop se poser de questions et donc sans trop être critique, soit on essaye d’être un peu plus vigilant et des questions restent alors sans réponses.

Par exemple, on ne verra pas aller/tomber dans le lac souterrain la personne qui a contacté Jun par téléphone. Or, il paraîtrait que c’est un préalable, dans ce contexte fantastique… Bon, mais c’est vrai : on ne le voit pas, mais il n’est pas interdit de le supposer. Mais voilà qui n’est pas pour rendre les choses plus compréhensibles !

La notion des "enfants perdus" est quant à elle presque une "fausse piste" et ne servirait qu’à apporter plus de complicité là où sinon il n’y aurait pas eu besoin d’en avoir entre Mayu et Shinichiro ?

Enfin, on se demande pourquoi la personne qui demande de l’aide met tout le monde à cran par téléphone en "distribuant" à chacun un ennemi depuis le futur ; et on observe que c’est depuis le portable de Jun que ces appels sont sensés être lancés ; or, Jun n’est jamais interpellé à propos de ces messages qu’il aurait envoyés. Bref, soit j’ai loupé des choses importantes, soit c’est vraiment confus. On a presque l’impression, même, à des moments, que les auteurs se sont eux-mêmes emmêlés les pinceaux avec le passé, le présent et le futur ! Mais même si tout est millimétré et bien ficelé (est-ce le cas ?) l’exercice de tout mettre à plat pour regarder les choses de manière cartésienne est laborieux et un lecteur de manga ne plonge pas dans une lecture pour reprendre pas à pas et possibilité par possibilité un scénario ! N’est-ce pas ?

Bref, cette lecture est sympa mais laisse un goût de mal achevé, ou de mal expliqué. Ça fait trop de questions "prise de tête" pendant la lecture, ce qui est vraiment dommage pour ce type d’histoire !
 

Par Sylvestre, le 18 décembre 2016