L'indésirable
Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille. Il avait ainsi 37 ans. Néanmoins ses années les plus importantes, celles qui marquèrent la poésie à jamais partent de ses 16 ans jusqu’à ses 20 ans…
L’histoire commence quelques mois avant sa mort, en 91. Il souffre d’une affection cancéreuse qui passe par sa jambe droite et se répand le long de sa moelle osseuse. On doit l’amputer… 21 ans auparavant, le jeune homme fait une première fugue pour partir à Paris ou il veut devenir poéte, en vain… Puis une seconde fois… Ca n’est qu’à sa troisième tentative, aidé par Verlaine, qu’il arrivera à se faire remarquer, dérangeant par son insolence mais fascinant par son talent il va très vite séduire Verlaine qui ne va pas hésiter une seconde à tout sacrifier pour cet amour passionné… Mais Rimbaud est un esprit rebelle, que rien ne peut contenir, si ce n’est l’aventure, l’errance…
Par fredgri, le 13 mai 2013
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782203066465
Notre avis sur L’indésirable
"Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon patelot aussi devenait idéal;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal;
"La bohème" est certainement l’un des poèmes de Rimbaud dont je me souviens le mieux, à force de l’avoir répété dans mon coin, pour le lendemain.
Ce grand poète, nous le connaissons tous, il fait partie de ces grands artistes dont on nous nourrit l’esprit régulièrement durant notre scolarité. Néanmoins, à part quelques vagues anecdotes, quelques rumeurs, on ne sait pas forcément grand chose de lui. Tout du moins si on ne pousse pas plus les recherches ! Cet album est donc là pour préciser ce parcours que beaucoup qualifieront d’exceptionnel, et établir le portrait d’une part d’un jeune homme anti-conformiste au possible, perpétuellement en rébellion contre les codes établis, et d’autre part d’un homme en rupture avec ses anciens élans poétiques, décidé à vivre de ses aventures, des ses petits boulots en pays étranger.
Rimbaud est le symbole vivant d’un Art passionné, absolutiste et sans compromis. Ce jeune homme qui se lance à la conquête des cercles littéraires parisiens, des parnassiens, va tout bousculer avec ses idées marginales, anti-conventionnelles et libertaires, voir même radicale. Car c’est ce qu’on retient très vite de ce portrait, l’image d’une âme qui n’accepte aucun doute sur ses capacités, ni sur cette nécessité de bousculer ces fondations qui s’encroutent. De ce point de vue, le poète bénéficie d’une certaine aura qui fascine, car il préfigure ces artistes en colère qui vont dépoussiérer l’Art, amenant ce dernier à basculer vers la modernité. Mais au delà de ce vernis glorieux, le portrait que dresse Xavier Coste dans cet album n’est pas des plus valorisants non plus.
En effet, le jeune homme apparait très vite comme un individu quelque peu détestable, sans aucun respect pour son prochain, et encore moins pour ceux qui vont l’aider tout au long de sa vie, il rythme sa vie de ses excès, ses coups de gueule et ses injures. L’auteur passe donc sous silence tout ce qui a pu précéder sa première fugue, que ce soit son excellence scolaire, que ce soit l’émergence de sa vocation… L’accent est bien plus mis sur l’opposition entre le Rimbaud flamboyant, ridiculisant les écrivains costumés dans les salons parisiens et le Rimbaud aventurier, chauve qui sillonne le désert, ne pensant plus à sa vie passée et ne rêvant que de faire fortune par n’importe quel moyen !
Un album qui suit donc le modèle, qui ne fait aucun réel compromis au récit, qui ne brode pas en lui donnant des pensées fictives, qui ne tente même pas de lui donner un relief ou une subtilité autrement qu’au travers des quelques brèves citations. Et en fin de compte il en ressort l’impression de sans cesse frôler cet étrange personnage, de le suivre des yeux sans vraiment le comprendre, ni même juste un peu le cerner. Même sa relation avec Verlaine semble désincarnée, complètement hors champs !
L’artiste et son art s’effacent devant l’individu, devant ses excès…
Finalement, ses magnifiques vers s’étiolent, progressivement.
J’avais eu le même sentiment en lisant le précédent album de Xavier Coste, sur Egon Shiele, comme des images qui se ternissent, qui perdent cet incroyable génie artistique qui les transcende.
Toutefois, je trouve que l’effort de l’auteur pour sortir ces pépites de leur écrin vaut largement l’achat de ces albums (qui sera le prochain sur la liste ? Van Gogh, Vian ? Il aurait été parfait pour Joyce, Lautréamont…), ne boudons pas ce plaisir, tout de même !
Une curiosité !
Par FredGri, le 13 mai 2013