L'Oiseau Chante Comme Le Lui Permet Son Bec

Un jeune SDF muet erre dans un quartier de Lyon où il a ses habitudes. Le café du matin, son observation des badauds pris dans leur tourbillon du métro-boulot-dodo, sa journée spéciale du jeudi… Tout un monde fonctionne autour de lui et parfois, le cogne, le violente, l’agresse. Des femmes abusent de lui, il prend des coups, des réflexions. Jusqu’à ce qu’un paquet échoue dans ses mains et l’amène à une rencontre…

Par geoffrey, le 15 janvier 2015

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Notre avis sur L’Oiseau Chante Comme Le Lui Permet Son Bec

Même sans mots, nous existons. C’est en somme ce que raconte l’histoire de ce jeune punk sans nom aux basques duquel nous attache l’auteur. Loïc Godart fait dériver sa créature dans un univers intimiste, glauque et matérialisé par les couleurs noir et "jaune-caca-d’oie". Malgré son mutisme et son retrait volontaire du monde, les péripéties surgissent sur la route de ce jeune homme, l’aspirent et le plongent à son insu dans une réalité avec laquelle il ne veut pourtant avoir aucun lien.

Avec un dessin crade à l’image de son (anti-)héros, Loïc Godart fait émerger un récit chaotique où les hommes soignent, bastonnent les gens sans raison avant de leur laisser de l’argent, ou offrent gratuitement le café ; où les femmes réconfortent et abusent sexuellement. Mais tous ces personnages n’existent uniquement que parce que ce héros existe. Même s’il ne dit mot, il en a plein sa tête et ceux-ci remplissent les cases, font parler, voire même les autres ?

Au-delà de ce questionnement philosophique illustrée par une belle scène d’échange entre le héros et un gamin, le récit marque le pas. Il trébuche parfois, rebondit mollement de déambulations en événements. Ces derniers paraissent jetés, juxtaposés, sans lien. Comme vécus de l’extérieur. Le trait approximatif n’aide pas à s’y retrouver. Il peine déjà à caractériser les personnages secondaires, heureusement peu nombreux, et rencontre une difficulté à représenter la gente féminine. Jusqu’à ce qu’un colis, puis une carte postale croisent le chemin du héros et lui offrent des ailes. Sa vie emprunte alors une bifurcation.

En refermant l’album, passé le moment où la raison cherche pied, il nous reste cette vague impression : celle qu’en exprimant des mots, le petit punk sort de sa torpeur et agit à nouveau. La non-histoire prend fin. Le plus intéressant est à venir.

Par Geoffrey, le 15 janvier 2015

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