L'orage

L’orage se présente comme une fiction double. C’est l’histoire d’un homme piégé par une amnésie qui va le repousser involontairement sur le chemin de personnes qu’il aurait dû éviter, et une histoire s’axant autour d’un don dont aurait hérité cet homme en même temps qu’il perdait la mémoire…

Le parcours d’Ange, le personnage principal ayant perdu la mémoire, va se reconstruire petit à petit sous nos yeux, à coups de flashbacks, de bribes de souvenirs et de sensations… Oh, bien sûr, on pressent très vite qu’Ange n’est pas son vrai prénom. Voire même que le lascar est loin d’en être un, un ange. Il y a des surprises si faciles à créer, lorsqu’on part sur ces terrains-là ! Mais le scénario nous contraint à n’obtenir des informations qu’au rythme voulu par les auteurs, et ces derniers réussissent ainsi à nous rendre curieux de l’évolution de leur récit ! Tout se précise donc peu à peu, lentement, en même temps qu’on s’immerge dans la BD et en même temps qu’une autre intrigue plane : celle relative à son don. C’est une intrigue qui l’est pour le récit mais qui l’est pour nous aussi, car on se demanderait presque pourquoi le scénariste a tenu à attribuer ce pouvoir (que vous découvrirez !) à son héros quand le récit aurait pu se tenir sans ce bonus d’originalité !

C’est par un soir d’orage que tout commence. Les couleurs sont donc sombres, d’un bleu-vert comme légèrement éclairé par la lumière de la lune et serti de noir. Il y a des jeux d’ombres, aussi, et des brillances dues aux flashes des éclairs déchirant le ciel… Ce sont tous ces tons qui vont habiller la totalité des planches, donnant une force réelle à un trait très gras lui aussi plein de personnalité, tel celui d’un Pellejero, mais en plus pointu, plus nerveux, plus anguleux… On observera cependant que des couleurs plus vives s’invitent parfois au milieu des planches : un simple reflet brillant, du sang qui coule ou des souvenirs aux couleurs plus claires (bien qu’elles ne parlent pas forcément d’un passé plus serein !) ou plus agressives…

Dans cette palette de couleurs et d’ambiances évoluent des personnages bien différents : un héros paumé, la vieille et gentille Louise, un père animé par la vengeance ou encore Rose, qui fait penser à Thomas Silane, avec son appareil photo lui révélant le secret d’Ange !

L’orage, c’est tout cela. C’est une histoire à cheval entre réalisme et mystère, entre violence et quiétude. Une histoire qui souffle le chaud et le froid. Et tout cela est très bien mené par les auteurs qui livrent là un album qui sait faire frémir autant qu’il fascine.

A découvrir !!!
 

Par Sylvestre, le 20 octobre 2009