La 12e heure

En mars 1970, sous la présidence de Nixon, alors qu’une tranche de la population américaine s’insurge contre la guerre du Vietnam, l’autre se prépare à assister à la 20ème édition des 12 heures de Sebring en Californie. Cette grande course automobile qui compte pour le championnat du monde d’endurance est l’occasion de voir s’aligner au départ nombre de pilotes chevronnés prêts à défendre leur écurie. Dans le lot, se trouve celle appartenant à l’équipe McCoy qui espère grandement sur cette course pour pouvoir se renflouer. Pour cela, le patron de l’écurie compte en particulier sur une performance de Julian, son fils, pilote d’une corvette. Est-ce que ce dernier, blessé la veille lors d’une manifestation anti-Vietnam, pourra réussir la course et contribuer ainsi au redressement de l’écurie ? C’est possible à la seule condition qu’elle ne réveille pas quelques vieux démons !

Par phibes, le 9 décembre 2015

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Notre avis sur La 12e heure

C’est la deuxième fois que Youssef Daoudi intervient dans la collection Plein Gaz de chez Glénat. Après Ring où il portait la double casquette de scénariste et de dessinateur, cet auteur revient donc dans la course, cette fois-ci, en tant concepteur de l’histoire uniquement.

Après nous avoir fait tourner sur le circuit allemand de Nürburgring dans les années 60, Youssef Daoudi nous renvoie sur un autre circuit automobile mythique, celui de Sebring aux Etats-Unis. Pour illustrer son choix territorial, il nous introduit dans une histoire dramatique qui a le privilège de se passer en 1970, date à laquelle la guerre du Vietnam intensifie les marques d’opposition. Fort de cet éclairage historique loin d’être inutile à l’histoire présente, l’auteur se rapporte à la fameuse course des 12 heures qui s’est réellement déroulée à l’époque sélectionnée (le 21 mars) à laquelle ont participé des sommités du sport automobile (Jacky Ickx, Mario Andretti, Leo Kinnunen…) et du cinéma (Steve McQueen).

A l’appui de cette interaction documentaire qui, de fait, traduit un gros effort de recherches, l’on y découvre l’histoire (fictive) d’un des participants, Julian McCoy, dont la contribution est rendue nécessaire pour la sauvegarde de son écurie. C’est donc la destinée de ce pilote qui est évoquée, destinée qui, au fil de la course, va prendre des proportions pour le moins inquiétantes et verser dans des accents dramatiques stressants.

C’est donc à la faveur d’un jeu structuré, entre réalité et fiction, que Youssef Daoudi nous fait vibrer, selon une dynamique générée par l’évolution bruyante des bolides lancés à toute vitesse et par l’état psychologique et physique préoccupant du personnage principal. Sur ce dernier point, le face-à-face entre Julian et son frère apporte un certain répit qui, malgré tout, fait naître une incertitude savamment dosée et pesante, jusqu’à atteindre un point de non-retour amer.

Pour la partie graphique, c’est Christian Papazoglakis qu s’y colle. Dessinateur et coloriste régulier de la collection Plein Gaz (on lui doit la partie illustrée d’Alpine, les 24 heures du Mans, Chapman, Harry Octane…), ce dernier nous assure une fois encore d’une grande maîtrise pour la réalisation pratiquement photographique de ses bolides via des perspectives qui renforcent pleinement leur puissance. Concernant les personnages, l’on pourra également apprécier leur expressivité, en particulier Julian dont l’étude psychologique a été bien poussée.

Un one-shot sonore et sans appel, comme sait le faire si bien Youssef Daoudi, conforté picturalement par un Christian Papazoglakis généreux et bien investi dans ce domaine sportif.

Par Phibes, le 9 décembre 2015

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