La 3e Kamera
Mi-avril 1945, l’armée rouge encercle Berlin, c’est la débâcle. Un homme réussit à fuir à travers les explosions, des appareils photos sous le bras. Il parvient à la capitale allemande alors que les troupes alliés occupent la ville et chasse les derniers vestiges du régime nazi. L’homme se fait alors attraper par une faction américaine. Il dit s’appeler Egon Krabe, qu’il faisait parti des fameux « Propaganda Kompanien », chargés de suivre l’armée, de la photographier, pour nourrir la propagande d’Hitler. La rumeur veut qu’une partie de ces photographes possédait un 3e appareil, non officiel, qui leur permettait de saisir des scènes en douce, comme des images de camps, ou de visages de hauts dignitaires…
En parallèle, un ancien officier nazi, le capitaine Strauss, s’est lui aussi réfugié à Berlin, il dirige un groupe de jeunes Werwolf, un corps franc constitué de volontaires plus ou moins d’affiliation nazie…
Par fredgri, le 17 octobre 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782344054314
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Notre avis sur La 3e Kamera
4 ans et demi après le monumental et très impressionnant album La Bombe, Denis Rodier revient, en compagnie du scénariste Cédric Apikian, sur un autre point historique, la fin de la seconde guerre mondiale, la débâcle allemande et l’occupation de Berlin par les troupes alliés. Cependant, ils décident d’axer leur propos autour de ces soldats photographes et cameramen allemands qui alimentaient la propagande du Reich. Ils faisaient partie des « Propaganda Kompanien », sous les ordres de Goebbels. Officiellement, ils utilisaient deux appareils photo, mais certains avaient en plus un 3e appareil clandestin, la fameuse 3e « Kamera ». Quand les américains commencent à préparer le procès de Nuremberg, leur première mission va consister a récupérer le plus de négatifs possible pour pouvoir identifier les hauts dignitaires nazis, et ces 3e Kamera vont alors jouer un rôle crucial dans ce travail de documentation.
Quand l’histoire débute, les russes arrivent sur Berlin et Hitler se réfugie dans son bunker. Il est tout du long filmé par son photographe personnel Walter Frentz. Quelques jours plus tard, un soldat allemand fuit l’armée russe, avec des appareils photos dans une sacoche. Il est arrêté à Berlin par des américains, il s’appelle Egon Krabe et prétend avoir fait partie lui aussi des « Propaganda Kompanien », sans pour autant avoir pris part aux exactions nazis.
Apikian entremêle alors les sous-récits. D’une part, on suit Krabe dans sa fuite, son arrivée à Berlin, son arrestation et sa volonté de retrouver un certain Strauss. D’autre part, les américains qui tentent à tout prix de développer les tonnes de négatifs qu’ils récupèrent en permanence. Puis on rencontre ce fameux capitaine Strauss et son groupe de Werwolf dont l’énigmatique Elke qu’il tient sous sa coupe.
Dans cette période de transition ou les uns tentent d’échapper à cette défaite qui a détruit le pays, transformant les troupes allemandes en renégats qu’il faut absolument arrêter, le peuple peine à panser ses propres plaies, à survivre. On est loin des champs de bataille, des camps de la mort, des cris de douleur, la guerre y apparait plus sous l’angle de l’usure, de la destruction, des autres victimes que sont ces milliers de civils ravagés par l’horreur hitlérienne. On sent bien cette tension résiduelle qui pèse sur tous, comme en suspend, avec ces pièges pour tuer des soldats qui patrouillent, les regards au coin d’un mur, une silhouette tapie dans un coin, qui vend des rats morts. La guerre n’est alors synonyme que de décombres fumants, rues désertes et bruits de moteur de jeep…
L’image prend ainsi un rôle important, le témoignage d’un drame, d’une plongée dans l’apocalypse, violente et désespérée.
L’écriture est fine et juste. Peut-être manque-t elle un peu de profondeur pour les multiples personnages qui sont souvent traités de façon monolithique, mais on ne peut rester indifférent devant la situation, devant tout ce qui se dévoile à nous à travers leurs combats, leurs actions.
Graphiquement, une nouvelle fois Denis Rodier excelle dans cette retranscription historique, les ruines qui servent de décors tout du long, les uniformes, les expressions des uns et des autres. Son trait se fait plus vif, plus nerveux, avec une très belle gestion des noirs et des blancs et une vraie maestria dans la mise en scène générale. Du très beau travail.
Résolument un album qui interpelle le lecteur avec cette vision quelque peu « décalée » de la seconde guerre mondiale.
Très vivement recommandé, évidemment.
Par FredGri, le 17 octobre 2024