La ballade de Halo Jones

(2000AD 376 à 385 (1984), 405 à 415 (1985) et 451 à 466 (1986))
Halo Jones vit au 50ème siècle, sur l’Anneau, une ville fermée flottante accrochée à Manhattan, où vivent les reclus de la société, les marginaux, les sans emplois… Rares sont les occasions d’y respirer l’air extérieure. La population est maintenue "éveillée" grâce aux divertissements télévisuels qui tournent en boucle, les actualités orientées et les interminables sitcom. Mais Halo rêve de pouvoir partir loin de l’Anneau, dans l’espace et elle saute sur un recrutement inespéré à bord du Clara Pandy pour enfin prendre son envol et partir à l’aventure… !

Par fredgri, le 29 octobre 2018

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Notre avis sur La ballade de Halo Jones

Précédemment traduit par Soleil (en 2011) et très partiellement par Zenda (le premier volume en 1990), cette Ballade de Halo Jones reste une des premières œuvres de Moore les moins connues, même si elle reste encore l’une des plus ambitieuses, une histoire qui méritait bien un peu plus de focus.
Et ce volume, cette fois publié par l’excellent jeune éditeur Délirium, nous permet une nouvelle fois de retrouver l’intégralité des épisodes parus dans 2000AD et remis en couleur par Barbara Nosenzo pour les besoins d’une nouvelle réédition anglaise en 2018 !

L’objet est bien sur très beau, accompagné de quelques bonus, comme une galerie de couvertures, des petits textes complémentaires de Moore, Gibson et Nosenzo.

Et tout de suite, Moore installe le cadre. On est dans le futur, la société humaine a parqué ses marginaux dans une sorte de ville fermée appelée l’Anneau. L’héroïne est d’un caractère assez commun, un brin rebelle tout de même, elle se fatigue de cette vie nourrie de novella et d’actualités remaniées. Elle rêve d’aventure, de partir loin dans la galaxie, découvrir des mondes lointains, d’être libre… Halo reste néanmoins une jeune femme assez normale dans ses aspirations, loin des archétypes de l’héroïne BD de base. Moore veut ainsi proposer un personnage féminin fort et indépendant qui ne se contente pas d’être belle et de parler chiffon avec ses copines…
On reconnait ainsi l’écriture finement ciselée du scénariste anglais qui se moque gentiment des genres en faisant évoluer Halo, en lui donnant de plus en plus de texture, de personnalité… Tout en travaillant habilement la forme, le langage, la mode et un regard très acéré sur la société, sur la guerre etc.

Sous ses dehors assez lents et digressifs, la série nous entraîne dans une sorte de relecture de notre réalité au travers du prisme de notre fiction. Comment une jeune femme peut elle se transformer en voulant s’échapper à la monotonie de sa vie ?

Nous sommes dans une succession d’épisodes, donc l’histoire se morcèle progressivement et Moore aborde plusieurs thèmes, fait évoluer son héroïne, l’envoie sur des pistes très variées… En trois "livres" (sur 9 envisagés au début), Halo incarne plusieurs identités, vit plusieurs vies et perd régulièrement ses repères, ses amis. Toutefois, Moore, très à l’aise dans le format très court, nous offre régulièrement quelques petites fulgurances, comme par exemple ces chapitres sur l’invisible Glyphe, que personne ne remarque, au point ou lui même ne sait plus s’il est simplement une femme ou un homme…

Halo Jones est une pierre importante dans le parcours de Moore. Aux côtés de Gibson, dont le trait est juste magnifique, il nous offre une série réellement fascinante qui nous interpelle d’un bout à l’autre, par sa structure et l’incroyable travail sur l’évolution de Halo et son univers !

Je vous encourage donc à la redécouvrir avec ce très bel album !

Par FredGri, le 29 octobre 2018

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