La bande dessinée contemporaine

 
Le livre, guère épais, est tout petit. Tel un téléphone portable, il peut être emporté partout. Sobre dans sa présentation extérieure qui prévient qu’on a là affaire à un ouvrage sérieux, il l’est tout autant au niveau de son corpus dans lequel le texte est déroulé en n’étant que 3 ou 4 fois seulement perturbé par l’apparition d’un tableau ou d’un insert et sans qu’aucune illustration ne vienne l’aérer. A visée encyclopédique, cet ouvrage, à l’instar des autres titres de la collection L’opportune des éditions Presses Universitaires Blaise Pascal, pourrait éventuellement être comparé aux opus de la série Que sais-je ? ; pour ceux qui ne lisent pas que de la BD et qui voient donc de quoi je parle. Pratique donc, ce livre, pour le peu de place qu’il prend, mais dense au niveau du texte et typographié très petit, ce qui embêtera probablement ceux qui n’ont pas la vision de l’aigle ou du lynx.

Dense aussi car le sujet est vaste et qu’il doit être traité en une soixantaine de pages seulement. Et forcément incomplet car ce type d’essai nécessite obligatoirement une sélection des informations à donner ; sans que tout ne devienne que listes. Mais pour ça, pas de panique : Nicolas Labarre maîtrise le français et en joue, même, construisant son exposé avec des phrases parfois d’un niveau de langage propre à ces écrits qu’on imaginerait destinés aux seuls experts en la matière.

Ah, et… Attention au titre du livre, au fait ! "La bande dessinée contemporaine", c’est vaste. Très vaste. Pour autant, n’allez pas chercher dans ces pages des informations people sur les auteurs de bandes dessinées, des "pitches" d’histoires ou des informations sur les différentes techniques de dessin. Non, là, on est dans un registre bien plus restreint qui touche plus particulièrement aux supports de la BD : à propos des parutions en strips dans des revues avant que les récits connaissent une seconde vie en albums, à propos de l’importance du format des ouvrages selon leur contenu, à propos du bien-fondé de la publication numérique, des choses comme ça… Oui, c’est assez pointu. Ce n’est donc pas parce que l’ouvrage s’appelle ainsi que tous les lecteurs de BD, et à plus forte raison les plus jeunes, trouveront intérêt ou plaisir à le lire. Tout généraliste ou exhaustif qu’il se veuille, le propos, contraint par la pagination, ne cite en outre qu’assez peu de titres- ou d’auteurs-exemples. Et comme parfois, certains ont tendance à revenir, on se demande si l’auteur n’a que peu de références (on sait ça faux) ou s’il a simplement dû s’efforcer de ne garder que les exemples les plus forts et les plus représentatifs.

L’introduction nous parle d’entrée d’Astérix, mais ne vous y trompez pas : La bande dessinée contemporaine est un ouvrage qui s’adresse à ceux qui sont fans de bandes dessinées au point de s’intéresser à ce qu’il se passe "plus loin", autour et derrière. On n’est plus dans le superficiel mais dans l’étude, dans l’observation, dans l’analyse et la réflexion. C’est un livre à lire quand on a les idées claires et qui fera de vous dans le métro l’intellectuel (le passionné, l’expert…) qu’on remarque parce que ce qu’il lit ne ressemble ni de près ni de loin au Facebook et au Candy Crush des autres voyageurs !
 

Par Sylvestre, le 23 avril 2018