La bande dessinée, une médiaculture
Présentation de l’éditeur:
"De Tintin à Titeuf, d’Astérix à Asterios Polyp, de Superman à L’Association et à Death Note, que nous dit enfin la bande dessinée sur elle-même au sortir d’un siècle de pollinisations croisées entre cultures nationales, de transformations chrysalidiques et de pluralisation authentique ? « Je est un autre. » C’est bien la formule rimbaldienne qui s’impose : "je ne suis pas cet ensemble d’histoires destinées à un public d’enfants ou d’adolescents auquel vous me destiniez".
S’il faut le dire avec force c’est que nous sortons à peine de deux discours prédominants sur la bande dessinée. L’un dénonçant une forme dégradée de Culture. L’autre, apologique et militant dont le prix à payer en a été une nouvelle essentialisation du médium qui mimait parfois les positions des dénonciateurs (en les inversant).
Pour rompre avec ces discours hérités du siècle passé et finalement assez sclérosants, cet ouvrage aborde une troisième voie, « constructiviste ». Elle est proposée ici par des auteurs qui ne partagent pas toujours les mêmes opinions et les mêmes ancrages théoriques, mais qui croient en la diversification et en la richesse explosive d’une constellation culturelle en expansion."
Par fredgri, le 15 mai 2012
-
-
dessinateur :
-
Éditeur :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
9782200270209
Publicité
Notre avis sur La bande dessinée, une médiaculture
En tant que lecteur de Bandes Dessinées moi même, j’avoue que de temps à autre me plonger dans un ouvrage aussi pointu que celui là me permet de pousser un peu plus ma propre réflexion, de mieux comprendre certains mouvements de pensée.
Ce passionnant livre s’articule donc, comme précisé plus haut par l’éditeur lui même, en 3 parties.
Tout d’abord "Politique et Histoire" qui analyse la bande dessinée comme objet théorique et qui revient sur la conception de la Bande Dessinée, son histoire, ce qu’est vraiment "L’Art Séquentiel". Ce chapitre est certainement le plus complexe car il brasse un langage assez pointu. Néanmoins il est aussi celui qui a pour objectif de briser les préjugés qui circulent sur ce medium. C’est très intéressant, car les auteurs établissent qu’il ne doit pas y avoir de rupture entre "innovation" et "standardisation", que toutes ces œuvres répondent à un même élan créatif, à une même histoire qui évolue, qui se diversifie, qui s’enrichit. Ainsi les approches se font de plus en plus larges et chacun a sa petite place.
Hiérarchiser un Art aussi riche en potentiel que la BD est une aberration en soi !
Mais les auteurs ne se limitent pas à un seul discours, à une seule approche théorique, ils ne sont même pas forcément d’accord les uns avec les autres. Toutefois, ce chapitre permet aussi de faire le point sur l’évolution de la critique depuis les premiers pas de la "BD", l’évolution avec les sociétés, les courants d’idées, le marché.
C’est un chapitre peut-être plus ardu que les autres, mais qui reste essentiel dans cette période de scission, de flou qui règne tant chez les lecteurs que chez les auteurs et éditeurs !
Le second chapitre "Pratiques et Publics" aborde le sujet par l’économie et les études sur le public.
Des chiffres, des tableaux, des pourcentages, tout ça pour nous montrer que la BD, en effet, ne se porte pas aussi bien que ça, mais que le marché est tout de même bien différent que ce soit en Europe, aux Etats unis ou au Japon.
Là aussi c’est intéressant, car on nous parle tellement de ce marché sans vraiment pouvoir nous aider à mieux le comprendre que ces études mettent en avant que la BD est devenue progressivement une affaire de chiffres. On peut regretter que ces articles ne parlent finalement pas de la santé professionnelle de ce milieu, on n’y aborde pas le sujet des auteurs de plus en plus sous payés, on ne se concentre que sur l’aspect économique. Dommage !
Le troisième chapitre "Poétique et transmédialité" aborde le medium par le langage, par sa diversité, par les différentes terminologies qui le traversent. On y parle aussi des pont qui se font entre les médiums, comme avec le cinéma par exemple.
Un chapitre qui à nouveau se complexifie lui aussi. On est dans de la théorie, mais les idées avancées sont passionnantes et très instructives.
Ce livre est tout de même très pointu, toutefois il permet vraiment de faire le point sur les différents aspects de la Bande dessinée, sur ce qui la formalise, mais aussi sur son impact dans notre société. Et même quand les articles paraissent un peu compliqués le fond est toujours très didactique et abordable.
Les questions soulevées ont au moins le gros avantage de faire le tour de la situation (sauf, encore une fois, en ce qui concerne le statut des auteurs et les conflits qui font rage en ce moment même) et d’ouvrir des débats bien plus intéressants que les sempiternelles guéguerres qui opposent les différentes conceptions de la BD.
Alors avis aux amateurs, un livre remarquable, très utile pour mieux comprendre les différents enjeux actuels !
Par FredGri, le 15 mai 2012