LA BELLE ESPÉRANCE
Tome 2

Au lendemain des accords de Matignon du 8 juin 1936, Roger, ouvrier chez Renault, est amer. En effet, il s’est séparé de sa compagne Louison qui est devenue la protégée de Sarah Bernstein, la sœur du grand couturier. Alors qu’il pense retourner au pays pour travailler avec Fernand dans la gestion de l’hôtel de bord de mer, son oncle Antoine, syndicaliste averti, a décidé de le faire changer d’avis pour qu’il continue la lutte contre le patronat. Pendant ce temps, Germaine a fui son souteneur et Paris pour revenir à l’Hôtel de l’Océan. Elle retrouve son patron Fernand sur lequel elle compte faire pression car celui-ci a volé l’héritage de Roger sans que ce dernier le sache. Par ailleurs, au niveau des instances politiques, les mesures sociales en faveur des salariés sont enfin votées. Malheureusement, les grèves continuent à grever le pays. Aussi, le Président du Conseil Blum se prépare à lancer un vaste programme pour redynamiser le pays. Mais sera-t-il suivi par la base et comment réagir face aux agitations provoquées par les fascistes ? La destinée de la France est en marche et dans la foulée, celle de Roger et de tous les siens.

Par phibes, le 25 novembre 2024

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Notre avis sur LA BELLE ESPÉRANCE #2 – Tome 2

Le premier volet de cette fresque historique était l’occasion de plonger dans les ambiances rebelles de la France entre les deux guerres. On suivait les péripéties vécues par plusieurs personnages (fictifs et également réels) face à la montée de l’antisémitisme et de la grogne ouvrière et on assistait à l’émergence d’une coalition de la gauche qui allait donner vie, sous l’impulsion de Léon Blum, au Front populaire. Roger, Louison, Antoine, Fernand, Germaine et d’autres encore se trouvaient aux premières loges de ce chavirage institutionnel et vivaient des moments mouvementés.

Nous retrouvons donc ces personnages au travers d’un mélange subtil entre la Grande Histoire et la petite histoire. Chantal van Den Heuvel, en scénariste on ne peut plus averti, nous renvoie dans cette cartographie politico-sociale particulièrement enfiévrée, très contrastée, au sein de laquelle les différentes strates de la population s’opposent. Grâce à Roger, Antoine et Louison spécifiquement, on découvre les dessous d’un prolétariat revendicateur qui cherche par tous les moyens de s’en sortir face à un patronat (comme le couturier Bernstein) qui semble faire fi des cris de la population et à protéger ses intérêts. Grâce à Léon Blum, lui-même mis en scène, on découvre son intimité partagée avec son épouse et avec certains de ses pairs politique face à des coups durs et à des résolutions compliquées à prendre pour le bien du pays.

Sous le couvert de cette évocation historique richement posée dans une succession de séquences bien cadrées, la destinée du couple formé par Roger et Louison reste des plus attachantes. En effet, loin d’être linéaire, celle-ci nous permet de suivre ses personnages qui se séparent et puis qui se retrouvent, chacun poussé par des envies différentes. Si l’amour a sa place, le drame les entoure et les oblige à se séparer à nouveau pour embrasser une nouvelle lutte contre le fascisme (espagnol cette fois-ci). La tonalité de cette évocation est des plus concluantes et a l’avantage de nous apprendre sur ce qui a pu se passer dans cette période agitée.

Graphiquement, ce deuxième tome reste dans la mouvance picturale du précédent. Forcément assisté par une grosse documentation, le travail fourni démontre qu’Anne Teuf s’est réellement impliquée dans sa tache pour bien camper l’Histoire. Son coup de crayon sans excès livre un message suffisamment clair et bien à propos, rendant ses personnages (fictifs ou réels) humainement concluants et ses décors de Paris et de Province explicites.

Une seconde partie d’une tranche historique superbement relatée par des artistes qui n’ont assurément pas regardé à la dépense pour nous cultiver. Bravo !

Par Phibes, le 25 novembre 2024

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