La bête est morte !

Le glorieux écureuil Patenmoins raconte à ses petits-enfants le terrible conflit où il perdit une de ses jambes.

Tout commença en Barbarie, là où le Grand Loup régnait. Son peuple se préparait à la guerre, voulant envahir ses paisibles voisins qui n’aspiraient qu’à la paix et au bonheur. Ces peuples, qui ne croyaient pas à un conflit, allaient devoir affronter un terrible ennemi qui ne reculerait devant rien, aidé par ses alliés les Hyènes et les Singes.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur La bête est morte !

C’est sous l’occupation nazie que débuta la création de cette histoire. Cette bande dessinée est un récit imagé de la Seconde Guerre Mondiale où les hommes ont été représentés par des animaux. Les Français sont des lapins, des écureuils et des grenouilles. Leurs alliés anglais sont des dogs, les Américains des bisons. Les Allemands se glissent dans la peau des loups, les Italiens dans celle des hyènes et les Japonais dans celle des singes.

Le dessinateur, Calvo, a certainement été très inspiré de Disney pour définir le style de ses personnages. Si l’inspiration graphique est indéniable, il est en tout autre de la forme. Le livre raconte cette guerre impitoyable, avec ses principaux épisodes, et il n’omet pas de parler des camps de concentration, des fusillés, des drames vécus par les civils. Bref, il parle sans tabou de la mort.

Il y a une forte intensité dans cette description. Cela est certainement dû au fait que la première partie a été écrite durant l’Occupation. C’est dire que la tension et le malheur devaient marquer les auteurs.

Ce livre est, à l’origine, paru en deux fascicules distincts. Le premier, intitulé « Quand la bête est déchaînée », sorti pendant le troisième mois de la Libération, en 1944. Le second, intitulé « Quand la bête est terrassée », sera édité en juin 1945. Une édition reprenant les deux fascicules sera publiée l’année suivante et rééditée seulement en 1977 par Futuropolis puis par Gallimard en 1995.

L’album est donc intéressant d’un point de vue documentaire. Il retranscrit d’une part l’état d’esprit des Français durant la guerre, mais, surtout, l’élan patriotique qui marquera l’après-guerre. Le discours des auteurs est, en effet, une hymne à la grandeur de la France. Il s’inscrit dans cette période de reconstruction de la nation où il fallait retrouver des racines, laver l’affront de la défaite et désigner le plus clairement possible les coupables.

Le style du récit est, en revanche, assez lourd. Les textes sont longs, souvent indigestes, et les propos de l’époque n’ont plus la même consonance aujourd’hui. Il est en de même pour certains points de vue. Staline, par exemple, est montré sous les traits d’un gentil ours qui va participer à la libération du Monde. Les auteurs ne disposaient pas de notre recul évidemment pour le désigner comme l’un des responsables de la guerre.

Si vous vous intéressez à la bande dessinée d’après-guerre, ce livre est un bon document et il a été réédité par Gallimard en reprenant la couverture d’origine. Avec sa tranche en tissu rouge, on a vraiment l’impression de disposer de l’édition de 1944.

Par Legoffe, le 24 mars 2008

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