La brute et le divin

Un jour, Eva, qui est ingénieure pour une grosse boite, décide de tout laisser derrière elle pour partir à l’aventure, sur une île déserte, dans le cadre d’une expérience de retour à la nature financée en partie par le Ministère de la transition écologique. Elle va ainsi devoir expérimenter durant un an, une vie en solitaire, subvenant à ses besoins essentiels, tout en envoyant régulièrement des photos et des messages pour les réseaux sociaux du Ministère.
Tout commence bien, pourtant dès les premières tempêtes, les choses se corsent, la nourriture se fait de plus en plus rare et il devient compliqué d’entretenir ne serait-ce qu’un simple jardin. Mais quand une équipe de recherche vient s’installer dans le coin, avec comme objectif de trouver des minerais de substitution aux énergies fossiles, Eva se rend vite compte que sa mission ne va finalement pas être aussi simple qu’elle ne le pensait initialement…

Par fredgri, le 6 décembre 2023

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Notre avis sur La brute et le divin

Dans la continuité de ces nouveaux enjeux écologiques, plus engagés, plus en phase avec les grands débats du moment, Eva, l’héroïne de ce passionnant album, a soudain l’envie de revenir vers un mode de vie plus naturel, essentiel. Elle saisit donc l’opportunité d’un appel à candidature du Ministère de la transition écologique qui souhaite revaloriser ses missions et son littoral en envoyant des volontaires expérimenter des périodes de vie en solitaire, sur le terrain.

On devine vite que tout ne va pas se dérouler aussi idéalement que la jeune femme l’espère, que la démonstration va aussi servir à mettre en avant la rudesse de cette nature indomptable.
Toutefois, Léonard Chemineau ne se complait pas dans un discours trop moralisateur, même s’il présente avec l’équipe d’Alphamet une certaine vision très controversée de la cause écologique, il pousse la jeune femme dans ses derniers retranchements, lui montrant les paradoxes de ses choix, entre la volonté de s’émanciper de sa vie routinière qui finit par l’ennuyer et la réalité de son expérience ou il est difficile de complètement survivre sans un minimum de modernité.

On est néanmoins touché par l’authenticité de cette jeune femme qui ne baisse pratiquement jamais les bras, excepté ce moment ou, à bout, elle décide de tenter une traversée sur son embryon de barque, avant d’être renversée par une énorme vague, à quelques centaines de mètres de son île.
Elle s’organise en premier lieu un rythme de vie assez simple, très structuré, persuadé que cela suffira, avec son chien, ses poules, ses fûts d’eau potable. Ce n’est pas les vacances, mais une agréable parenthèse qui commence plutôt bien. On découvre alors à ses côtés la dure loi de la nature, imprévisible, qui redistribue toutes les cartes sans sommation. Malgré tout, c’est intéressant d’observer la prise de conscience progressive de ses propres limites, de ce qui se révèle quand on a l’envie de survivre.
Et c’est ce parcours de vie qui est intéressant. D’autant que très vite, le témoignage devient aventure puis une sorte de thriller angoissé très prenant. L’écriture est très agréable, car sous les dehors d’une histoire somme toute assez captivante, l’auteur nous parle de notre planète et de ce qui peut se cacher aussi derrière des opérations prétendument philanthropiques, qui valorisent la découverte plus que la préservation.

Alors oui, La Brute et le divin garde un caractère assez partisan qui demeure le cœur du propos, mais dans la perspective des débats d’aujourd’hui, l’album reste surtout un excellent regard sur un monde en transition, qui s’interroge, qui témoigne, qui passionne avant tout.

Une lecture très vivement recommandée qui interpelle et nous donne des envies de voyages.

Par FredGri, le 6 décembre 2023

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