LA CONFRÉRIE DES TEMPÊTES, tome 2
Orvann

Pour la deuxième fois, Sylvain Cordurié revient, certes en solo, dans le nouvel univers d’Arathéon, dans lequel les pirates sous le couvert de leur confrérie ont maille à partir avec les autorités dirigeantes impériales. Ce nouvel épisode est là pour le démontrer à la faveur d’un nouveau personnage, le maître Kraken Orvann, qui est appelé à vivre une aventure piégeuse des plus redoutables.

A n’en pas douter, cette nouvelle destinée cultive un côté sombre que les adeptes apprécieront. En effet, pourtant issu de la fameuse caste flibustière, Orvann n’est plus qu’une loque avinée qu’aucun résident de Port-Aube respecte. Ayant perdu tout éclat vis-à-vis de ses pairs, il œuvre seul dans un phare qu’il doit gérer pour guider ces derniers. Malheureusement, le drame qui va suivre va être de nature à le sortir de sa torpeur.

Le récit proposé qui a la spécificité d’être porté par une tierce personne à découvrir dans les dernières planches, reste d’un abord cohérent quant à la noirceur qui le gangrène et qui correspond à la volonté éditoriale de frapper fort là où ça fait mal. Orvann, bien que fort en gueule et en charisme, en fait les frais eu égard aux péripéties auxquelles il est associé. Au fond du trou et malgré les tragédies traversées (la perte de sa dulcinée), le pirate parvient à trouver assez de ressources pour remonter la pente, engager une enquête et s’opposer à une manipulatrice maléfique. A ce titre, Sylvain Cordurié déroule son histoire avec de sacrées secousses scénaristiques, faisant en sorte, au passage, de rester dans une violence percutante et de la faire progresser graduellement au point de lui faire atteindre finalement son apogée et de dévoiler ce qu’est un Maître Kraken.

De son côté, Stéphane Créty qui succède à Giovanni Lorusso, démontre qu’il est totalement dans son élément. Il faut dire que les pirates, ça le connaît (Hannibal Mériadec et les larmes d’Odin, Le sang du dragon…) ! Et vu sa propension à toucher à tout, l’artiste fait carton plein sur ce nouvel album. Il suffit d’admirer son superbe travail sur la représentation bien imaginée de Port-Aube sous la pluie ou sous les coups d’un envahisseur tentaculaire, sur l’animation très dynamique de ses personnages, sur le climat sombre instauré…

Voilà donc un deuxième volet parfaitement réussi qui, pour l’instant, renforce l’intérêt de découvrir cette saga fantasy bien tempétueuse.

Par Phibes, le 10 septembre 2025